Eglise et Ecologie : un mariage d’amour ?

Engagée depuis 2019 dans la démarche Eglise verte, la paroisse de Pentemont-Luxembourg a organisé un cycle de trois conférences intitulé « Eglise et Ecologie : un mariage d’amour ? » en janvier et février 2023. Ces rencontres étaient intégrées dans l’axe « Vivre et penser la foi » du projet de vie de l’église, développé au travers de cinq cycles thématiques.

Il s’agit d’approfondir nos questionnements sur la Bible, la foi en Dieu, l’engagement chrétien, les convictions protestantes … dans l’aujourd’hui de nos vies et au sein du monde contemporain.

 

La série « Eglise et Ecologie : un mariage d’amour ? » a permis de découvrir les pistes théologiques et pratiques proposées par le protestantisme et d’autres traditions chrétiennes pour ancrer notre engagement écologique dans nos vies de foi et notre quotidien.

 

Frédéric Rognon, professeur de théologie à l’université de Strasbourg, a ouvert le cycle avec « Les ressources de la tradition protestante ». Au moins depuis 1905 et « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » de Max Weber, les protestants sont accusés d’être à l’origine du productivisme prédateur. L’article de Lynn White (1967) sur les racines historiques de la crise écologique et le débat sur Genèse 1, 28 vont dans le même sens. Bien que ces accusations soient à relativiser, Frédéric Rognon en convient : Nous devons commencer par plaider coupables. D’autant plus que l’accent mis sur le salut individuel et la volonté de ne pas se laisser embarquer par des idéologies à la mode constituent des freins puissants.

 

Pourtant nous avons des ressources ! Ecclésiologiques avec le principe « L’église réformée doit toujours se reformer » et avec le scoutisme. Théologiques : tout d’abord l’Ecriture (quelques exemples :  Job 38 à 41, Matthieu 10, Romains 8, Genèse 6 & 7) ; puis des auteurs comme Charles Gide qui développe la notion d’interdépendance entre l’humain et la création et invite à élargir notre responsabilité d’amour ; aux Etats-Unis, Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau, John Muir ; plus proche de nous, Jürgen Moltmann (L’Esprit saint est la présence de Dieu dans la création. Quand la création souffre, Dieu souffre. Dieu ne se confond pas avec la création, mais il y est présent. Quand on dévaste, on atteint la présence de Dieu.) et Jacques Ellul qui veut nous plonger dans la désespérante réalité du monde pour nous stimuler à l’action libératrice de l’espérance. Comme Karl Barth, Jacques Elllul dénonce les idolâtries du monde moderne, et en particulier la technique. Il faut désacraliser la technique.

 

Pour terminer, Frédéric Rognon a évoqué le synode national de 2021 qui a adopté le texte « Ecologie : quelle(s) conversion(s) ? » Désormais, la question écologique sera revue à chaque synode et un poste de chargé de mission Ecologie & justice climatique a été créé.

 

La deuxième conférence était une table ronde œcuménique, animée par le pasteur Christian Baccuet, qui a réuni Natacha Tinteroff, anglicane, enseignante à l’Institut supérieur d’Etudes Œcuméniques, Elena Lasida, catholique, économiste, responsable du master « économie solidaire et logique de marché » à l’Institut catholique de Paris et première présidente de l’Eglise verte, Michel Stavrou, orthodoxe, doyen de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge et Marc Boss, EPUdF, enseignant d’éthique à l’Institut protestant de théologie.

 

Pour la troisième conférence, Stéphane Lavignotte, pasteur à la mission populaire, dont le dernier ouvrage s’intitule « Ecologie, champs de bataille théologique », a su impliquer l’ensemble du public dans la réflexion et les échanges afin de « Mettre en gestes notre foi ». Il identifie quatre façons d’aborder l’écologie : « gérante » qui reprend la thématique de l’intendance du jardin et appelle l’esprit de douceur et de responsabilité ; contestataire ou anti-idolâtre dans les pas de Jacques Ellul et de sa critique de la technique ; conviviale qui élargit la fraternité à tous les vivants suivant François d’Assise et André Dumas ; ruminante ou méditative qui invite à reprendre contact avec la nature et s’émerveiller. Chaque approche concerne trois niveaux : la société (l’économie, les structures), les modes de vie et l’imaginaire, c’est-à-dire la représentation de ce qui est désirable ou pas, une dimension où la responsabilité des églises est grande, où elles sont capables de proposer de nouvelles idées.

 

Une conférence qui nous a préparés au carême : de quelle idole – automobile, consommation de viande, consommation numérique, … – puis-je me défaire pendant ces 40 jours ?

 

Annette PREYER

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