Écouter pour mieux agir

Grande première dans l’EPUdF, la région parisienne se lance dans une étude d’opinion auprès de ses paroissiens. Une démarche d’écoute terrain qui permettra, à terme, de proposer une vie communautaire adaptée aux attentes du plus grand nombre. Un beau challenge qui nécessite la participation la plus large possible. Explications.

“Les gens pensent que…” “Les paroissiens ne veulent plus…” “Les français sont…” Avouons-le, nous avons tous déjà joué à ce petit jeu qui consiste à affirmer avec force les opinions de tel ou tel groupe social.

Pourtant, le risque de tomber à côté est important. Tout traversés que nous sommes par les biais et raccourcis, plus ou moins conscients, activés par notre cerveau, seule la méthode scientifique peut nous donner une vision à peu près fiable des perceptions et des comportements d’un groupe social.

Cette méthode, ce sont les études d’opinion ou autres sondages. En effet, les études d’opinion jouent un rôle essentiel dans la prise de décisions éclairées. Elles offrent une méthode structurée pour recueillir des données sur les attitudes, les comportements et les préférences des individus. Cette approche scientifique permet de contourner les biais cognitifs et les certitudes ancrées.

Et pourquoi pas pour l’Église ?

Et si nous utilisions ces méthodes pour réinterroger ensemble nos pratiques et notre “offre” communautaire ? Et si, plutôt que de reproduire ce qui a toujours été fait ou que de prendre sa propre expérience comme une vérité, nous faisions l’exercice d’une approche scientifique ?

Les études d’opinion, utilisées très régulièrement dans de nombreux domaines (politique, sociologie, consommation…) fournissent des informations importantes pour comprendre les besoins d’un public donné, élaborer des stratégies adaptées, et améliorer la communication. Elles contribuent à l’écoute des parties prenantes.

Même si l’Église n’est ni un parti, ni une entreprise, elle est un lieu communautaire, qui rassemble de nombreuses personnes, pour des raisons très diverses. Il y a celles et ceux qui “ont toujours été là”, celles et ceux “qui passent par hasard”, celles et ceux “qui n’osent pas entrer”… Le public est large et divers quand on parle des paroissiens proches ou distancés mais il devient infini quand on parle de tous ceux qui sont dehors.

Un démarche poussée par la Région

L’Église protestante unie de la région parisienne a choisi de se lancer dans cette démarche. “Nous sommes très exposés au risque de biais”, rappelle Samuel Amédro, président de région. “Et notre enjeu concerne certes les paroissiens, mais aussi et très largement le monde entier ! Nous sommes une Église qui témoigne, qui ouvre ses portes, qui accueille et qui nourrit. C’est une bonne démarche que d’écouter les attentes et les besoins de celles et ceux que nous voulons toucher.”

A partir du mois de janvier, avec l’aide d’un institut de sondage professionnel, l’institut Occurrence, toutes les paroisses de la région recevront un lien et un mode d’emploi précis pour adresser un sondage à tous leurs paroissiens. “C’est très important que nous ayons un maximum de réponses” précise Samuel Amédro. “Plus le panel sera large, plus nous aurons une image pertinente. Il est important que chaque paroisse encourage ses paroissiens à participer le plus largement possible.”

Les paroissiens et au-delà !

Les paroisses, c’est facile mais quid du reste du monde ? Le rôle de l’Église est bien d’annoncer la bonne nouvelle au plus grand nombre ? Là aussi, le recours à une étude nous permet d’interroger un panel représentatif des français. Pour Samuel Amédro : “Nous ne sommes dans notre rôle que si nous sommes aussi attentifs aux attentes de tous en matière de spiritualité, y compris et peut-être surtout celles et ceux qui ne sont pas dans l’Église. Je suis convaincu que nous avons de vraies réponses à apporter à des personnes en recherche.”

En complément de l’enquête auprès des paroissiens, proches ou distancés, le recours à un institut de sondage professionnel nous ouvre l’accès à un public plus large. Grâce au soutien de la fondation FLAM, la région parisienne dispose du budget nécessaire pour interroger plus largement les français sur leurs attentes en matière de spiritualité.

 

“L’écoute est essentielle, elle permet l’adaptation aux besoins changeants, la transparence, la confiance, le renforcement de la communauté et le témoignage pertinent”, conclut Samuel Amédro. “La mission de notre Église est de partager l’Évangile. Et pour y parvenir, nous devons réapprendre à écouter celles et ceux qui ne sont pas dans l’Église. C’est ainsi que notre Parole pourra (re)devenir pertinente et inspirante pour les générations futures.”

 

Constance WIBLE

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