Gustave Monod fait partie de ces Français qui ont sauvé l’honneur de la France pendant les années noires de l’Occupation.
La vie de ce protestant, issu d’une famille illustre, fils de pasteurs et né à Mazamet, est un parcours d’engagement tant sur le plan professionnel que par l’attachement aux valeurs de la République.
Jeune agrégé de philosophie, grièvement blessé à Douaumont en 1917, il s’engage au service de l’Ecole toute sa vie.
Et c’est ce qui le conduit à s’opposer à la du 3 octobre portant « statut » des Juifs et à l’exclusion des fonctionnaires de l’Instruction publique visés par ce texte.
En effet, le 21 octobre, une circulaire du secrétaire d’Etat Georges Rippert donne instruction aux recteurs et inspecteurs d’académie de dresser la liste des « fonctionnaires, hommes et femmes … qui doivent être regardés comme juifs ».
Gustave Monod, est le directeur de l’académie de Paris, c’est-à-dire qu’avec d’inspecteur général, il est l’adjoint du recteur de l’académie de Paris.
Et tout de suite, il rassemble les directeurs d’établissement de l’académie, proviseurs et directrices, pour leur exprimer ses très fortes réticences. Le rapport qu’il adresse au recteur dans la foulée exprime sa vive émotion : « Ce qui est aujourd’hui mis en question, c’est le libéralisme universitaire, c’est toute une conception de ‘honneur intellectuel qui a été puisée par nous au plus profond des traditions françaises, humanistes et chrétiennes ». Et il tient à nouveau cette position un mois plus tard devant le ministre Georges Ripert.
Du côté du front du refus, Monod offre l’exemple le plus éclatant. Il s’illustre, au mépris de sa carrière dans l’opposition aux lois de Vichy. Il est le seul inspecteur général à le faire. Mis à la retraite d’office au printemps 1941 ; après avoir été rétrogradé au grade de professeur, il est considéré comme un de ces « fonctionnaires faillibles et inefficaces » dont il faut se débarrasser car n’appliquant pas les ordres de la Révolution nationale.
Retiré dans le Midi, il s’engage dans la Résistance (réseau Défense de la France) et participe à la réflexion qui conduit à repenser l’Ecole reliée aux réformes du Front populaire et dans la ligne des écrits de la Résistance. Pour lui, il y a une continuité évidente entre le congrès du Havre et les réformes de Jean Zay en 1936 et la Commission Langevin, mise en place en 1945.
Comme inspecteur général, ayant servi auprès de cinq ministres de 1ç47 à 1951, il lance cette commission, qui préconise les « lycées pilotes », la gratuité des lycées dès 1945 et met en avant l’importance de la pédagogie.
Dans cette ligne, il crée à Sèvres, à la demande du ministre dès 1945, le Centre d’études pédagogiques, devenu depuis Centre international et fer de lance de la coopération éducative française.
A l’inverse des grands intellectuels dévoyés que furent Jérôme Carcopino et Bernard Faÿ, Gustave Monod, parce qu’il avait une « certaine idée de la France » avait une conception sûre de l’honneur de la France