D’où vient la capacité de la musique de rassembler les hommes tout en s’adressant au plus intime de chacun ? Comment est-elle utilisée pour dire la foi, souder une communauté, contribuer à l’intégration sociale ? Quelle est son essence, son fonctionnement ?
La science neurologique, la réflexion philosophique et l’expérience de praticiens (professeurs de conservatoire, cheffe de chœur) peuvent être interrogées pour mieux cerner la mystérieuse puissance des sons et des rythmes.
Les premières conférences
1. Pourquoi chanter les vieux cantiques ? Le chant d’assemblée expression de la foi réformée
Catherine VEILLET-MICHELET, chanteuse, cheffe de chœur, nous a montré comment le chant d’Église a évolué au moment de la Réforme, avec l’apparition du « chant d’assemblée ». Elle a décrit la constitution progressive du répertoire réformé : les psaumes de Calvin, les chorals de Luther et les cantiques spirituels des mouvement piétistes. Aujourd’hui, le « chant d’assemblée » reste l’expression de la foi réformée.
2. Musique et intégration sociale des défavorisés
Manuel MENDOZA-AGUILAR, violoniste, directeur de l’orchestre du conservatoire de Strasbourg, nous a présenté le programme « El Sistema ». Cette méthode d’apprentissage alternative de la musique permet l’intégration sociale de jeunes défavorisés : l’accès aux cours de musique est gratuit, inclus dans l’enseignement scolaire ainsi que la participation à l’orchestre de l’école. En réponse aux difficultés scolaires et sociales, la pratique collective de la musique incite les élèves à une plus grande participation à la vie de groupe et encourage des valeurs telles que le partage, le respect mutuel et la solidarité.
3. Approche de la musique par le philosophe Friedrich Nietzsche
Allan SIVIEROU, master de philosophie à la Sorbonne, a abordé la place de la musique dans la vie et le système philosophique de Nietzsche et éclairé la célèbre formule : « La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. » Il a montré l’évolution du penseur qui a rejeté Wagner pour lui préférer l’univers lumineux de Bizet.
4. Les effets de la musique sur le cerveau
Hervé PLATEL, professeur de neuropsychologie à l’université de Caen-Normandie, nous a montré comment la musique agit sur le fonctionnement du cerveau et sur la mémoire, comment l’écoute de musiques qu’on aime provoque un « frisson musical » via le « circuit de la récompense » avec libération de dopamine, comment la pratique musicale permet de développer les réseaux de neurones dans certaines parties du cerveau et comment la musique peut aider les personnes atteintes de maladies neuro-évolutives comme la maladie d’Alzheimer.
Conférences à venir
5. Samedi 15 mars 2025 à 10 h : Musiques actuelles – Les jeunes et la musique
Julien RAMOND, violoniste, professeur au conservatoire d’Aurillac, retracera les différentes périodes de l’histoire de la musique occidentale ainsi que l’émergence de genres nouveaux à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, pour enfin aborder la place de la musique pour les jeunes d’aujourd’hui ainsi que les styles musicaux actuels.
6. Samedi 29 mars à 10 h : La musique au prisme du langage
C’est Pierre FARAGO, organiste, compositeur, conférencier en philosophie, qui clôturera ce cycle.
La crise de la musique au XXe siècle peut être éclairée par une comparaison avec la théorie du langage. À côté des approches formalistes qui voient dans celui-ci un système clos, une combinaison de signes ne renvoyant qu’à eux-mêmes, il y a place pour une conception référentielle qui n’oublie pas que le langage renvoie (fait référence à) à des objets du monde réel. On peut ainsi repenser le langage musical et refonder l’esthétique.