Une aumônerie aux JO : témoignage d’un aumônier

La France a vécu à l'heure de l'olympisme. Cet événement sportif a drainé environ 15 000 athlètes, des milliers de spectateurs du monde entier. La France a été saisie d'une ferveur inattendue.

Des aumôniers des différentes religions devant les anneaux olympiques du village

Le cadre

Face à l’ampleur du phénomène, l’aumônerie présente au village olympique peut sembler dérisoire telle la petite graine de moutarde de la parabole.

 

En effet, le comité international olympique exige que le pays organisateur mette en place par son comité national une aumônerie dans le village olympique, réservé aux athlètes et à leurs encadrements. Cette aumônerie prend alors des visages différents selon le pays d’accueil et les rapports existants entre les Eglises et la société civile. Dans le cas présent, il s’agissait d’une laïcité stricte « à la française » interdisant tout prosélytisme et toute manifestation religieuse publique de notre part au sein du village.

 

Les aumôniers accrédités des différentes religions (Juifs, Musulmans, Chrétiens Catholiques Orthodoxes et Protestants, Bouddhistes, Hindouistes) étaient ainsi rassemblés dans un même endroit appelé « Centre interconfessionnel » comprenant des salles distinctes. Côté protestant, une quarantaine d’aumôniers venant des différentes Eglises de la FPF avaient été agrées et proposaient à tour de rôle par de 2 ou 3, des permanences de 7 à 23 h.

Aumôniers catholiques et protestants dans salle commune

Le vécu

L’aumônerie s’adresse en priorité aux athlètes. Ils sont venus, certes en petit nombre. La plupart recherchait un lieu de paix, à l’écart de l’agitation du village à distance des chambres collectives. Ils cherchaient à se retrouver face à eux même, face à Dieu dans la prière, la méditation, loin des pressions médiatiques et sportives. Nous pouvions leur suggérer un temps de prière en commun, la lecture d’un passage biblique.

 

Ils ne demandaient pas la victoire mais aspiraient à trouver sérénité, confiance et tranquillité intérieure. Quelques belles rencontres humaines avec des hommes et des femmes, ayant leurs peurs, leurs fragilités et pouvant passer d’une seconde à l’autre du succès à l’échec…. Dans ces situations, la parole d’Evangile selon laquelle notre identité d’enfants de Dieu ne dépend pas de nos performances (même sportives !) prend alors toute sa pertinence.

 

D’autres rencontres ont été vécues : avec les autres responsables religieux dans les moments d’attente de visiteurs, avec les aumôniers catholiques et orthodoxes dans une véritable dimension œcuménique puisqu’une même salle conçue ensemble les réunissait.  Des temps communs de prières et de partages bibliques rythmaient les journées.

 

D’autres échanges ont eu lieu en particulier avec les bénévoles de tous âges au nombre de 45000 ou les salariés du village olympique ; ils venaient visiter en curieux ou échanger sur leurs convictions religieuses ou même faire « le parcours spirituel » proposé en plusieurs étapes.

 

Des rencontres ont pu se vivre aussi avec des membres des équipes d’encadrement dont parfois des pasteurs ou prêtres de délégations étrangères.

Des aumôniers des différentes religions devant le centre interconfessionel

Perspectives

A quoi comparer le village olympique fermé, sécurisé de toute part, régenté par les règles de l’olympisme, sans bruit de voiture ni signe de pauvreté et rassemblant des jeunes sportifs du monde entier ?  A un monde idéal, au jardin d’Eden, à la Tour de Babel ou à la nouvelle Jérusalem ? Questions ouvertes…

 

Il reste que l’aumônerie était un lieu d’accueil, une présence offerte, gratuite en dehors de toute obligation de performance, de rapidité ou d’exploit. Un lieu d’humanité, de spiritualité où l’on prenait son temps dans le partage, l’écoute et le recueillement.

 

Prions pour que cette petite graine semée grandisse et porte fruits.

 

Denis Heller

pasteur EPUDF à la retraite

 

 

 

 

 

Intérieur de la salle commune aux catholiques, orthodoxes et protestants

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