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Édito vidéo – Septembre 24
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« Et maintenant, que vais-je faire, de tout ce temps ? Que sera ma vie ? » Vous vous souvenez peut-être de cette chanson de Gilbert Bécaud ?
Il y a eu le temps de la surprise incrédule causée par la déflagration politique d’une dissolution inattendue. Il y a eu le temps de l’effroi et de la peur panique d’une arrivée prévisible et annoncée de l’extrême droite au pouvoir et d’un pays devenu ingouvernable. Il y a eu le temps suspendu hors du temps d’un été de compétition olympique et d’engouement populaire.
Le temps est venu maintenant de reprendre nos esprits.
Il y a derrière cette expression le sentiment que nous n’étions plus tout à fait nous-mêmes, ballottés par les événements et l’ascenseur émotionnel « crainte – soulagement – colère – ferveur ». Comme si nous avions perdu la maîtrise de nos vies, si tant est que nous n’ayons jamais eu une quelconque maîtrise sur nos existences… Comme si nous étions devenus les jouets de forces spirituelles bien plus puissantes que nous, qui nous entraînent là où nous ne voulons pas aller.
En ce début d’année, il y a donc devant nos pas un enjeu de liberté intérieure tant vis-à-vis des événements qui surviennent et décident de notre existence à notre place que vis-à-vis des émotions qui nous submergent et nous empêchent de choisir en conscience l’avenir qui s’offre à nous.
Et surtout, n’allons pas imaginer que les choses vont s’apaiser d’elles-mêmes, comme par enchantement, par la seule puissance de notre « wishful thinking ». N’allons pas imaginer que la marche du monde sera plus calme et que nos émotions seront moins fortes…
L’enjeu se situe en nous-même, au centre. Là où nous sommes en pleine conscience de ce qui vaut la peine de se battre ou de laisser aller. Là où nous sommes en vérité, sans faux-semblant, sans posture, sans masque, sans devoir ni obligation. Juste nous-même devant Dieu.
Non pas seuls face à nous-même dans l’immense solitude d’un monologue égocentré et désespérant mais dans la présence de Celui qui nous aime plus que tout et qui nous accompagne sur nos routes quelles qu’elles soient. Là où nous entrons en résonance avec la Vie Vivante, dans la présence ineffable de Celui qui en est la Source, la Beauté et le Souffle, faisant naître en nous cette intime conviction que nous sommes à notre juste place, que nous n’avons rien à prouver, rien à mériter. Là où le combat s’arrête parce qu’il est déjà gagné.
Cette expérience indescriptible d’être soi-même devant Dieu peut – et elle seule le peut ! – nous permettre de reprendre nos esprits. C’est une expérience proprement libératrice tant des événements qui nous bousculent que des émotions qui nous dirigent bien malgré nous parce qu’elle repose les fondations de notre existence à l’abri des aléas et des tempêtes. Ce faisant, elle nous arrache à nos inquiétudes et nous permet de nous décentrer. Elle nous libère de nous-mêmes et de nos préoccupations si envahissantes. Elle nous ouvre à l’Autre et aux autres. Elle nous offre la possibilité de faire nos choix et de conduire nos vies, comme disait Ricœur, « avec et pour les autres, dans des institutions justes » tant il est vrai que ces derniers mois nous appris l’impérieuse nécessité de prendre soin les uns des autres grâce à nos institutions, que ce soit le Parlement, l’État, la Loi ou la Justice. L’Église fait partie de ces institutions précieuses qui nous permettent de prendre soin les uns des autres. Parce qu’elle nous offre la possibilité, j’allais dire la Grâce, de pouvoir nous replacer ensemble devant Dieu pour gagner ce combat de la liberté intérieure. Et si nous décidions de prendre soin de notre Église ?
Pasteur Samuel AMEDRO