Edito vidéo – Juin 24

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L’humour comme médicament du monde

Les nuages s’accumulent au-dessus de nos têtes… Voilà pourquoi je voudrais lancer un cri en forme de SOS : Rire ou mourir ! Comme on criait naguère en Amérique du Sud : « Libertad o Muerte ! » Parce que l’humour constitue à mes yeux un médicament particulièrement efficace pour la guérison du monde dont nous avons bien besoin en ce moment. 

 

Certes on connaît tous la face sombre de l’humour faite de moquerie humiliante et de dérision cynique. Elle ressemble parfois à une grimace déformante, au rictus de la méchanceté. Mais ce n’est pas une raison pour se priver du plaisir d’un éclat de rire, vous ne trouvez pas ? En ces temps de Pentecôte, quel esprit nous anime ? Puissions-nous nous laisser inspirer par la joie que provoque le rire… 

 

Je prétends que l’humour est d’abord un acte de libération. Il y a dans le rire, le refus conscient et volontaire de se laisser submerger par les vagues du malheur, une sorte de digue qui contient la peur qui nous emporte ou la colère qui nous embrase, une manière de poser un acte de supériorité (on vaut mieux que ça, non ?) et de dé-coïncidence pour reprendre les mots de François Jullien. C’est en soi un cataplasme de désacralisation qu’il faut appliquer consciencieusement chaque jour pour une hygiène d’une vie libérée de l’idolâtrie et du fanatisme. 

 

J’affirme dans le même temps que l’humour est un acte d’humilité. Parce qu’il faut bien reconnaître qu’il y a des techniques, des événements et des situations que nous avons créées mais qui nous échappent et nous dépassent, et pour lesquels nous n’avons pas de solution à vue humaine. Il est salutaire ce regard amusé sur soi qui reconnaît sa propre limite, l’impossible possibilité tellement absurde que l’on soit en train de se tirer une balle dans le pied. C’est un sirop de vérité à prendre chaque jour pour se soigner de la démesure de l’humain qui pense toujours pouvoir trouver une solution à toutes les catastrophes alors que, bien souvent, il est à lui seul la source du problème. 

 

Je crois, enfin, que l’humour constitue un acte de création. Je crois – et c’est un acte de foi – que l’humour pourra toujours réouvrir du possible, par la voie étroite de l’incongru et de l’inattendu, comme la chute d’une bonne blague que l’on n’attendait pas. Et c’est en soi une sorte de miracle d’imaginer que l’impossible et l’extravagant peuvent se produire et que le dernier mot n’a pas été prononcé, comme pour Abraham et Sarah, quand on leur a annoncé qu’ils allaient avoir un enfant alors que la vieillesse avait déjà mis un sacré coup de frein à leur rêve. Un véritable pied de nez au Destin et à la fatalité. Il y a dans l’humour, l’assurance sereine que tout est possible à celui qui rit parce que nous savons au fond de nous que la joie porte en elle une puissance de vie bien plus forte que la mort. 

 

Mais, en vérité je vous le dis, les religieux se prennent bien trop au sérieux pour oser mettre l’humour à l’honneur ! Et ce n’est pas l’image de ‘joyeux drille’ qui colle aux basques des musulmans comme des chrétiens, fussent-ils catholiques ou protestants… Puissions-nous prendre exemple sur le judaïsme, seule religion à avoir le rire comme patriarche puisque c’est là la signification hébraïque du nom d’Isaac, fils d’Abraham : « Il rira ». Puissions-nous nous souvenir de cette blague juive spécialement adaptée pour les temps sombres, quand Isaac sur son lit de mort disait à sa femme Rebecca : « Rebecca mon amour, je me souviens, tu étais là près de moi quand on a été déportés et qu’on a tout perdu, n’est-ce pas ? Oui Isaac, j’étais là… Tu étais encore là à mes côtés quand on a fait faillite avec l’épicerie, non ?… Oui Isaac, j’étais là avec toi… Et tu étais là aussi quand j’ai eu mon cancer du côlon ? Oui Isaac, j’ai toujours été là, tout près de toi… » Isaac réfléchit un instant : « Rebecca, au fond, je me demande si tu ne me portes pas un peu la poisse… » 

 

Et si nous laissions déborder un peu de joie exubérante comme un grand éclat de rire ? Et tant mieux si, comme les disciples à la Pentecôte, on pense de nous qu’on a un peu forcé sur la boisson ! Moi je suis le disciple du gars qui a changé l’eau en vin… et pas l’inverse. Pour ma part j’aimerais mieux être un jovial Saint François d’Assise, chantant son hymne au soleil, qu’un vieux réformé rabougri et renfrogné assis au fond du temple sur son banc en bois ! Ça fait quand même moins mal aux fesses… Et puis, permettez-moi une dernière facétie en forme de petite suggestion : si ton Dieu ne te fait jamais rire, eh bien crois-moi, il faudrait peut-être songer à changer de Dieu ! Parce que ce dont tu es porteur n’est certainement pas une Bonne Nouvelle… Allez, bon vent ! 

 

PS : De toute façon, il paraît que 83% des Français ne savent même pas à quel morceau de bœuf correspond la Pentecôte…  

 

 

Pasteur Samuel AMÉDRO

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