Édito vidéo : Janvier 25

Afin de visualiser les vidéos il est nécessaire d'accepter les cookies de type analytics

Il y a plus de 100 ans déjà, on proclamait partout sur un ton des plus convaincus que ce serait la « Der des Der ». « Plus jamais ça ! » Et pourtant, comme le chantaient déjà les Poppys dans les années 70, rien n’a changé, tout a continué ! Vous souvenez-vous des paroles de cette chanson ? « C’est l’histoire d’une trêve que j’avais demandée, c’est l’histoire d’un soleil que j’avais espéré, c’est l’histoire d’un amour que je croyais vivant, c’est l’histoire d’un beau jour que moi, petit enfant, je voulais très heureux pour toute la planète. Je voulais, j’espérais que la paix règne en maître mais tout a continué…  Non, non, rien n’a changé, Tout, tout a continué ! Et pourtant bien des gens ont chanté avec nous. Et pourtant bien des gens se sont mis à genoux pour prier, oui pour prier… Pour prier, oui pour prier… » Au risque de vous choquer, j’en ai plus qu’assez de ces commémorations pour la paix, de ces prières pour la paix, de ces messages de paix avec des chefs d’État entourés de chansons d’enfants et de gerbes de fleurs… Je ne crois pas que cela change quoi que ce soit à la réalité. Je pense qu’on se paie de mots. Je pense qu’on se donne bonne conscience à bon compte. Je pense que ce ne sont là que des postures faciles qui ne coûtent rien et qui ne changent rien. « La guerre c’est mal, la paix c’est bien ! » Tarte à la crème doucement naïve qui ne coûte rien et qui ne change rien. Les guerres occupent tout l’espace y compris et jusque dans notre manière de parler (guerre au COVID, guerre à la pauvreté, guerre commerciale entre la Chine et les USA), les conflits se multiplient y compris et jusque dans nos familles, et la violence imprègne tous les rapports sociaux y compris et jusque dans nos vies quotidiennes (entre vélos et voitures, entre voisins, entre partis politiques). Si tout le monde est pour la paix, pourquoi reste-t-elle si difficile à atteindre ?

Jésus lui-même nous surprend : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée (le combat). » Ces mots provoquent et interrogent, mais ils révèlent une vérité essentielle : la paix selon le Christ n’a rien à voir avec celle que « le monde donne ». Notre paix lui fait horreur parce que justement elle n’est que le masque hideux de nos rancœurs ravalées. Elle n’est que l’espace et le temps que nous nous donnons avec beaucoup de cynisme pour permettre notre commerce des armes. Notre paix lui fait horreur parce qu’elle est toujours acquise sur le dos d’une victime innocente. Depuis que l’homme est homme, par des rites, par des sacrifices, par des prières, il purge les tensions et les violences mimétiques qui traversent sa communauté en désignant un responsable qu’il accuse d’être monstrueux, différent, dangereux, menaçant, diabolique. La paix enfin retrouvée sur le dos de ce bouc émissaire prouvant a posteriori que la victime était vraiment coupable, nécessairement coupable. Quelle est donc cette paix qui se gagne par le sang des innocents ? Les juifs de France, les enfants palestiniens, les familles d’Ukraine ou du Sud-Soudan, de Taïwan ou d’ailleurs…

 

La violence, depuis Caïn, naît toujours des quatre mêmes racines : l’ENVIE (que l’on appelle désir mimétique, l’avidité, la recherche des intérêts, des matières premières, des territoires, du pouvoir), la HAINE (problèmes relationnels à base de compétition, d’antipathie, de rejet, de jalousie, de vengeance), la PEUR (le sentiment de faire face à un danger, une intrusion, apparaît la peur de disparaître, la volonté d’assurer sa survie, sa sécurité, de protéger ses proches, son identité ou ce qui nous semble important dans nos valeurs) et l’HONNEUR (combien de conflits naissent d’une estime de soi qui se sent bafouée, d’un sentiment d’humiliation, de dignité menacée). Ces quatre racines pourries produisent toujours les mêmes fruits amers. Espérer une paix durable sans les déraciner est illusoire. C’est pourquoi Jésus nous appelle à une rupture radicale : pardonner à nos ennemis, refuser de rendre le mal pour le mal, tendre l’autre joue. Ce n’est pas une utopie naïve, mais une révolution spirituelle qui refuse de voir en l’autre un ennemi à abattre pour n’y voir qu’un frère à convaincre. Sur la croix, il incarne cette paix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

 

Vous pensez que ce n’est pas très clair ? Vous voulez des précisions ?

 

Exode 20,13 : Tu ne tueras point.

 

Esaïe 2,2-7 : On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre.

 

Matthieu 5,7-11.21ss : Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : tu ne tueras point (…) mais moi je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement (…)

 

Luc 6,27-29 : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent. Souhaitez du bien à ceux qui vous souhaitent du mal, priez pour ceux qui disent du mal de vous. Quand quelqu’un te frappe sur une joue, tends-lui aussi l’autre joue.

 

Matthieu 18,21-22 : Pierre s’approche de Jésus et lui demande : « Seigneur, quand mon frère me fait du mal, je devrai lui pardonner combien de fois ? Jusqu’à 7 fois ? » Jésus lui répond : « Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois.

 

Est-ce qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair dans ces paroles ? Est-ce qu’il reste une zone d’ombre qu’il faudrait encore éclaircir, interpréter, expliquer, compléter ?

 

Et pourtant, inévitablement, nous commençons à contester, à critiquer, à objecter :

 

Il y a d’abord le « oui-mais » : Aimer nos ennemis ? Oui bien sûr… mais… euh, même Trump ? même Poutine ? même Netanyahou ? même Daesch, le Hamas ou le Hezbollah ? Et Jésus de répondre : Si vous aimez seulement ce qui vous aiment, quelle sera votre récompense ? Même les païens font la même chose ! Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. (Matthieu 5,46-48)

 

Mais soyons honnêtes : nous savons combien il est difficile de vivre selon cet appel. Paul lui-même le confesse : « Le bien que je veux, je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas, je le fais. » Qui peut nous libérer de cette impasse ? Dieu seul. « Crée en moi un cœur pur », supplie le psalmiste, « mets en moi un esprit nouveau. »

 

La paix véritable commence par la transformation de nos cœurs. Elle ne naît pas de discours faussement gentils ou de compromis au goût de compromission, mais d’un engagement profond à suivre le Christ pour laisser Dieu déraciner ce qui nourrit la violence en nous. C’est là, et seulement là, que nous pourrons devenir artisans d’une paix authentique, capables de témoigner de cette promesse : « Heureux ceux qui font la paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »

 

Pasteur Samuel AMEDRO

Se former, s’informer pour mieux s’engager
Se former, s’informer pour mieux s’engager
Le début de l'année, c'est le temps des bonnes résolutions : participer à une des rencontres de formation et de découverte.
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2025
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2025
La communauté monastique de Bose (nord de l’Italie) a préparé les prières et réflexions de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
Urgence à Mayotte
Urgence à Mayotte
L’île de Mayotte a été frappée avec des conséquences dévastatrices pour la population. Solidarité protestante lance un appel à dons.
Un espace de foi, de partage, et de spiritualité
Un espace de foi, de partage, et de spiritualité
Sur YouTube, l’Église Protestante Unie de France vous invite à un espace interactif de vidéos et de playlists thématiques
accueillir, discerner, décider
accueillir, discerner, décider
Mission Evangélique parmi les Sans-Logis et l'EPUdF du Marais et de Belleville aura lieu le samedi 11 janvier 2025 de 10h à 16h organisent une formation pour devenir "portier"
Reconnaître la parole des victimes
Reconnaître la parole des victimes
L’Eglise protestante unie de France adhère à la Commission Reconnaissance et Réparation
Quels sont nos rapports à l’argent dans l’Eglise  ?
Quels sont nos rapports à l’argent dans l’Eglise ?
La revue Ressources aborde un sujet sensible autour de la place de l'argent dans l'Eglise et notre rapport à celui ci
Prier pour le Liban et tout le Proche-Orient
Prier pour le Liban et tout le Proche-Orient
L'Action Chrétienne en Orient nous invite à prier et à agir pour le Liban et l'ensemble du Proche Orient.
Faire sa rentrée avec le Grand KIFF
Faire sa rentrée avec le Grand KIFF
Découvrez le kit « kiffer ensemble » accompagné de webinaires pour présenter ses outils d’animation auprès de groupe de jeunes ou de scout
Point liturgie
Point liturgie
Une nouvelle application de liturgies luthériennes et réformées francophones
Formation générale BAFA
Formation générale BAFA
Inscrivez-vous au stage théorique au BAFA organisé en partenariat avec les EEUdF du 22 février au 1er mars 2025 au carrefour Béthanie à Bagard.
Décision du Synode national 2024
Décision du Synode national 2024
Après trois ans de réflexions partagées et de débats, le Synode national a manifesté sa volonté de renforcer son témoignage et sa mission

Contact