Édito vidéo : Février 25
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Donald Trump et ses affidés auront-ils le dernier mot ? Nous imposeront-ils leurs manières, non seulement en dictant leur volonté, mais plus grave encore, en contaminant notre manière de penser, de parler et d’agir. Par-delà les discours vengeurs où derrière la puissance prédatrice se dévoile un esprit de domination, ils risquent fort de nous entraîner à vouloir leur répondre sur le même mode. Contaminés par la même peur, allons-nous rêver que l’Europe joue dans la cour des grandes puissances. Il y a quelque chose d’à la fois fascinant et sidérant dans l’attitude décomplexée de cet élu américain qui déclare « nous sommes le prédateur dominant » en lançant son projet de loi pour aider Trump à « acquérir le Groenland »… Il faut aussi reconnaître que ce que nous reprochons à Trump, Poutine, Netanyahou et les autres, nous l’avons largement pratiqué un peu partout dans le monde, avec en plus un discours idéologique d’oeuvre civilisatrice et missionnaire. La colonisation était et demeure une économie de la prédation du fort aux faibles. Cela fait partie de notre histoire et il est facile de nous offusquer à bon compte quand, certes sans le claironner, nous avons nous-mêmes assis notre puissance économique et culturelle sur le dos des autres.
Le monde est-il voué à vivre sous cette dichotomie idéologique « dominants- dominés » où les uns prennent quand les autres doivent se soumettre et subissent. Il est possible d’imaginer entrer en résistance et poser un peu partout des gestes, des signes et des paroles de fraternité, d’entraide et de collaboration. On peut imaginer se radicaliser dans l’amour et le partage quand d’autres se radicalisent dans la spoliation et l’exclusion. Il y aurait quelque chose d’évangélique dans cette posture. Mais, à être radical, il faudrait sans doute aller chercher la racine du problème. Je me demande si l’esprit de domination et de conquête fait partie de la structure fondamentale de l’humanité ( « l’homme est un loup pour l’homme ») dont le médicament spirituel serait une conversion à l’amour fraternel et la survie assurée par l’institution et la loi. Ou si l’amour de soi et des autres constitue au contraire le cœur de l’essence de notre commune humanité dont le poison insidieux serait l’esprit de compétition et le désir mimétique. Lequel est la racine de l’autre ? L’esprit de domination ou l’esprit de collaboration ? Caïn ou Abel… Je me demande si les 2 ne fonctionnent pas comme les 2 faces d’une même humanité : pécheresse quand elle nie l’existence de son frère pour le spolier et dans le même temps, capable d’une vraie grandeur quand elle renonce à la puissance destructrice et choisit la voie de la coopération, du faire ensemble pour vivre ensemble. En tout cas, il me semble plus que temps d’entrer en résistance pour que la folie prédatrice n’étouffe pas complètement la voie toujours possible de l’amour et de la justice. Pour ce faire, il y a une conversion à opérer, un renoncement, une mort à soi-même.
Seigneur, aide-nous à exorciser cet esprit de domination qui sommeille en chacun de nous et croise notre route de frères et de sœurs avec qui nous allons pouvoir choisir la voie du partage et de l’amitié.
Pasteur Samuel AMEDRO