Edito vidéo du pasteur Samuel AMEDRO – Mars 2023

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Pour en finir avec l’esprit de compétition 

L’esprit de compétition s’est emparé, semble-t-il, de l’ensemble de l’humanité. Pensons au grand spectacle de théâtre de la vie politique renvoyé par l’Assemblée Nationale, aux monde du business, à nos collègues de travail, au sein des fratries ou même dans la vie de couple, et jusque dans notre vie spirituelle, là où règne l’amour inconditionnel de Dieu pour tous et du chacun pour soi entre les religions et les confessions : nul n’est épargné par le calcul d’intérêt. Chacun joue sa partition pour tirer son épingle du jeu, cherchant à se construire en se comparant aux autres.  

 

La compétitivité est devenue une valeur cardinale de nos sociétés et de notre manière de vivre. Chacun compare, juge, jauge, évalue, soupèse, compte, mesure à la fois ce qu’il a dans son assiette mais aussi ce qu’il y a dans celle du voisin. Cette esprit qui nous habite – et en quelque sorte nous possède – réveille en nous un désir mimétique (en miroir) bien décrit par René Girard à la base de la loi de l’offre et de la demande (et donc du monde capitaliste dans laquelle nous vivons). On apprend cela tout petit : un jouet n’a de valeur que parce qu’il est utilisé par quelqu’un d’autre. J’en ai envie parce que l’autre l’a déjà.  

 

Que certains n’aient pas assez pour vivre décemment, c’est un fait de société grave dont nous sommes tous responsables et la pauvreté est une réalité qu’il faut combattre avec acharnement. Mais l’inégalité ne devient une injustice qu’à partir du moment où l’on pense que la richesse des autres est illégitime parce qu’elle devrait nous appartenir et qu’elle nous est en quelque sorte retirée des mains, volée. La justice n’est plus une question d’être en capacité de vivre décemment mais devient une mesure de comparaison qui nous monte les uns contre les autres. La jalousie et le ressentiment prennent le dessus sur tout esprit d’entraide et de solidarité.  

 

Il est vrai que la compétition constitue un formidable moteur de motivation et la volonté de gagner un carburant de grande qualité. Mais c’est un carburant « fossile » parce qu’il n’est composé que des cadavres en décomposition des perdants du système. Jésus parle de ce combat à mort dont il sera la victime… La Croix en est le symbole même.  Le grand économiste protestant Charles Gide (oncle d’André Gide) estimait la coopération beaucoup plus efficace que la compétition d’un point de vue économique… Et Yuval Noah Harari confirme dans son livre Sapiens que c’est justement la coopération qui a permis toutes les découvertes de l’homo sapiens. Est-ce vrai ? J’ai envie de le croire, au moins d’essayer. Mais quand on voit l’incapacité de l’humanité à coordonner ses efforts pour ne pas détruire la planète, n’est-ce pas hors de portée ? Tous les êtres humains sont pris dans l’une de ces stratégies d’autojustification et d’auto-construction… C’est ce qu’on appelle le péché en langage théologique. Et c’est un malheur. 

 

L’Évangile de la Grâce qu’annonce Jésus s’oppose à cette logique implacable et mortifère. L’Évangile n’est pas et ne sera jamais construit sur la victoire des uns acquise sur l’humiliation des autres. A chacun le Seigneur dit : tu n’as besoin de rien pour être ce que tu es parce que Dieu t’aime tel que tu es, sans raison, avec tes failles, tes manques et tes blessures mais aussi avec tes forces, tes compétences et tes réussites. Sois libéré de ce souci qui te ronge de te construire toi-même en te comparant aux autres. Sois libéré de cette manie de rabaisser les autres pour te grandir. Parce que tu es une toute petite partie du vivant, tu es à égalité de dignité de tous les autres vivants qui partagent cette existence. Alors seulement quand tu auras compris cela, tu vivras en paix avec toi-même et avec ton entourage. Voici, dit le Seigneur, je place devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie pour que tu vives, toi et tous tes descendants (Dt 30,15) Vous ne pouvez pas vivre les uns contre les autres. Vous vivrez ensemble ou vous mourrez ensemble. Vous avez besoin les uns des autres. Alors, aimez-vous les uns les autres ! C’est une question de vie ou de mort.  

 

Pasteur Samuel AMEDRO

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