Edito vidéo du pasteur Samuel AMEDRO – Mai 2023

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Pâques, un objet de consommation ?

Avec Pâques, nous nous sentons peut-être ressuscités, régénérés… Mais pour quoi ? Pour quelle visée ? Quel projet ? Pour en faire quoi exactement ? Nous jouissons certainement avec bonheur de ce fruit qui nous est donné aujourd’hui. Mais qu’est-ce que cela change concrètement ? Qu’allons-nous en faire ? Est-ce qu’on va s’arrêter là pour simplement en profiter ? Allons-nous faire du Christ et de la résurrection, un nouvel objet de consommation parmi tant d’autres dont nous jouissons aujourd’hui et qui sera oublié demain ? 

 

Revenons au cœur de ce que nous avons reçu… As-tu été revigoré par une parole douce, une main tendue, un sourire qui caresse, une bonne nouvelle qui relève ? As-tu senti cette puissance de vie qui monte comme la sève au printemps et qui te dit que tout est de nouveau possible ? As-tu reçu en plein cœur un mot d’amour, une parole qui remet en route, un geste qui guérit, un regard qui apaise ? Que chacun se souvienne de ces petits moments où l’on se sent régénéré, où l’on aperçoit le bout du tunnel, la lumière possible. Ce n’est pas rien de se sentir au bénéfice de la résurrection !   

 

Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, nous dit l’apôtre Pierre dans sa première épître (1 Pierre 1,3). Régénérés POUR une espérance vivante, qu’est-ce que ça veut dire concrètement ? J’aimerais vous faire 3 propositions : 

 

En Christ, nous sommes régénérés pour Dieu. Il est temps, sans doute, de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui lui appartient. Non pas seulement reconnaître en Lui la source de la vie qui coule en nous mais aussi et surtout se savoir dépendant de cette source de vie vivante. Régénérés pour Dieu, c’est retrouver la joie de participer au culte pour s’y ressourcer. C’est jouir du bonheur de ce lien vivant par la prière et la lecture de la Bible. C’est entrer ici et maintenant dans l’éternité du royaume de Dieu qui n’est plus enfermé dans l’histoire. C’est savoir qu’on ne vit pas la fin du monde et que demain tout est possible… Dès maintenons, nous entrons régénérés dans ce que Ricœur appelait « la passion du possible » loin de la méfiance et du soupçon permanent qui détruit tout sans jamais rien proposer. Vivre en régénérés, c’est vivre dès maintenant en citoyens du Royaume de Dieu. 

 

En Christ, nous sommes régénérés pour les humains.  Cette puissance de vie qui coule en nous n’est pas donnée pour notre seule jouissance un peu égoïste. Nous avons été régénérés pour prendre soin des humains toujours traversés par la mort et par l’angoisse. Régénérés pour prendre soin d’eux, pour qu’un peu de cette puissance de vie vienne apaiser ce qui est douloureux, caresser ce qui est blessé, calmer ce qui est agité, régénéré ce qui a été abîmé. Voilà notre combat : en protestant contre la souffrance nous suivons ce Jésus qui nous montre un amour plus fort que la mort. Nous sommes convoqués pour prendre notre part dans le combat des hommes contre le mal, la violence et la mort ! L’Église n’a pas d’autre choix que de mouiller sa chemise. Nous sommes porteurs d’un amour qui répare, qui préserve, qui prend soin et d’une préoccupation ultime pour l’autre et non pour nous-mêmes. Laissons aux autres le souci de prendre soin de nous. La résurrection c’est l’amour de la vie des autres.  

 

En Christ, nous sommes régénérés pour investir sur la vie et devenir à notre tour porteurs de régénération, agents propagateurs de la résurrection. Il s’agit pour nous maintenant de miser sur la régénération du vivant pour arrêter de penser que la mort a toujours le dernier mot – comme quand on dit d’un air désabusé : « c’est la vie… » Vivre en régénérés, c’est mettre notre liberté recouvrée au service de la vie du monde : l’entraide et la solidarité certes ! mais aussi la santé, la science, la justice, la planète, le règne animal et le règne végétal. Et bien plus encore : au service de la beauté, de la joie, de la créativité, la vie, de l’art. En Christ, nous sommes régénérés pour prendre notre part à la nouvelle genèse, au service de ce Dieu qui est devant, tournés vers demain, vers l’avenir, vers ce qui n’existe pas encore. Notre Dieu ne se trouve ni dans les ossements de nos pères, ni dans l’Institution ‘Église’, ni dans la dogmatique de nos croyances, ni dans la tradition, ni dans notre histoire pour glorieuse qu’elle soit. Il nous précède. Il est dans ce qui n’existe pas encore et non dans ce qui existe déjà. Il est dans l’inattendu et l’inespéré. Dieu, c’est le fait que tout est possible. 

 

Pasteur Samuel AMEDRO

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