
Ce texte, rédigé par un membre du Conseil national, engagé depuis quatre ans au sein de cette instance, dont il est également vice-président, propose une lecture du rôle du président du Conseil national, éclairée par l’expérience vécue de l’intérieur. Sans prétendre à l’exhaustivité, cette contribution demeure volontairement partielle, assumée comme subjective, et s’inscrit dans une perspective partiale et peut-être provisoire.
Du 29 mai au 1er juin 2025, à Sète, l’Église protestante unie de France a vécu un moment fort et fraternel. Le Synode national, au cours de ses jours de prières, d’échanges, de travaux et de délibérations, a élu le pasteur Christian Baccuet président du Conseil national. À travers ce choix, l’Église confie à un pasteur une mission pleine de sens : accompagner le corps ecclésial, maintenir le lien, porter la Parole en son sein comme au dehors, et soutenir l’élan de la vie commune.
Dans le même temps, le Synode a exprimé une reconnaissance profonde à la pasteure Emmanuelle Seyboldt, qui a assuré cette fonction pendant huit années. Sa présidence a laissé une empreinte claire et discrète, exigeante et bienveillante. Elle a traversé les mutations, assumé les tensions, nourri l’espérance. Son ministère à ce poste aura marqué l’histoire récente de l’Église.
À travers ces visages, ces engagements, ces appels reçus et assumés, une vocation s’affirme : servir une Église vivante, enracinée dans l’Évangile, attentive aux mouvements du monde et fidèle à la promesse du Christ.
L’Église protestante unie de France vit sa gouvernance selon une logique presbytéro-synodale. Chaque niveau de responsabilité trouve sa place dans un équilibre dynamique entre ministres et laïcs, entre communautés locales et instances régionales et nationales. Ce fonctionnement collégial façonne l’Église : une Église en chemin, où la décision émerge de la rencontre et de la concertation.
Dans ce cadre, le président du Conseil national exerce une autorité fraternelle et spirituelle. Il assume sa fonction non comme un chef ou un supérieur, mais comme un ministre de communion. Il veille à ce que les décisions s’inscrivent dans le cadre posé par la Constitution de l’Église. Il œuvre à la cohérence de la vie ecclésiale, en lien avec les autres instances locales et régionales, dans un esprit de clarté et de fidélité.
Parce que l’ÉPUdF accueille une diversité de convictions, de sensibilités, de traditions locales et régionales, cette richesse appelle une attention constante. Le président est ainsi invité à favoriser la circulation des paroles, à accompagner les différences dans une dynamique de confiance. Il a pour tâche de relier, de fédérer, d’ouvrir des chemins de dialogue. Son ministère consiste à maintenir l’unité dans la diversité, à faire vivre la communion dans la réalité concrète de l’Église.
Cette charge est toujours assumée par un pasteur. Ce choix, profondément théologique et ecclésiologique, exprime la conviction que cette mission est d’abord un service pastoral de l’Église. Elle s’enracine dans la Parole, se nourrit de la prière, s’exerce dans l’écoute du peuple. Elle s’incarne dans le corps ecclésial, avec une proximité à la fois spirituelle et concrète. Le président console, oriente, interpelle, tout en partageant les joies et les tensions de et dans l’Eglise. Sa présence demeure pastorale, y compris dans l’organisation, la gestion ou la parole publique.
Il préside le Conseil national, qu’il anime dans un esprit de service et de collégialité. Il délègue, suscite les initiatives, renforce les liens entre les services. Il agit en lien étroit avec les responsables de pôles et de domaines, pour une action claire, structurée et ajustée. Il soutient les projets, éclaire les orientations, facilite le travail collectif. Il conjugue exigence et confiance, rigueur et bienveillance.
Il représente l’Église dans ses relations extérieures. Il en porte la voix auprès des institutions publiques, des partenaires œcuméniques et interreligieux, des acteurs de la société civile. Il exprime des convictions, participe aux débats, prend position, après concertation le Conseil national, lorsque cela est nécessaire. Sa parole engage l’Église car elle témoigne d’une foi vivante, enracinée dans l’Évangile et fidèle à Jésus-Christ. Elle naît de l’écoute des uns et des autres et s’élabore dans la cohérence ecclésiale.
Avec l’élection du pasteur Christian Baccuet, l’ÉPUdF entre dans une nouvelle étape de son chemin commun. Son expérience pastorale, sa connaissance de l’institution, sa sensibilité humaine et spirituelle donneront une tonalité singulière à ce ministère. Il reçoit cette charge avec fidélité, attention et confiance.
Autour de lui, le Conseil national, partiellement renouvelé, l’accompagnera dans cette mission. Ensemble, ils porteront les grands enjeux de l’Église, accompagneront les réalités locales et régionales, soutiendront les orientations nationales, enracinés dans l’écoute de l’Esprit et l’engagement commun.
À Christian Baccuet, et à toutes celles et ceux qui partagent cette responsabilité à ses côtés, nous adressons un mot fraternel, simple, essentiel :
Que le souffle du Christ ressuscité les accompagne.
Qu’il leur donne la paix dans le discernement,
la fermeté dans l’engagement,
et la joie dans le service de l’Église, aujourd’hui encore.
Laza Nomenjanahary
Inspecteur ecclésiastique – ILP / EPUdF