Taizé 2024 : Petit groupe, grandes émotions !

Cette année encore, le Service régional jeunesse (SRJ) a convié les jeunes 15 à 25 ans à participer au traditionnel voyage à Taizé, pour une semaine entière d’immersion dans la communauté.

Est-il encore besoin de présenter Taizé ? Nous ne parlons pas, bien entendu, uniquement du petit bourg de quelques maisons, perché tout en haut d’une colline bourguignonne… Bien que particulièrement authentique et coquet, ce n’est pas pour ce joli village que des milliers de visiteurs venus du monde entier se déplacent, mais plutôt pour la communauté œcuménique qui s’est installée là il y plus de 70 ans, sous l’impulsion du théologien protestant suisse, Roger Schutz. Ce fondateur, ayant endossé la tenue monacale après-guerre, a su attirer d’autres frères dans cette aventure, protestants, catholiques, orthodoxes, afin de vivre une réalité quotidienne engagée en faveur de l’unité des Chrétiens, de la réconciliation et de la paix. D’année en année, la communauté s’est construite, a grandi, s’est rendue accueillante, s’est organisée autour des frères en habits blancs, mais également grâce à tous les jeunes volontaires venus y travailler pour un mois ou pour un an. Aujourd’hui dirigée par un Anglican, Frère Matthew, la communauté est devenue un lieu incontournable d’accueil pour les jeunes et les moins jeunes, pour tous ceux qui souhaitent poser leurs bagages de vie et se recueillir, alléger leur fardeau, reprendre souffle, découvrir ou affirmer leur foi. Qui n’a pas jamais mis les pieds à Taizé ne peut certainement pas imaginer l’incroyable sensation de sérénité et de force que nous pouvons ressentir à partager quelques jours avec les frères et tous nos prochains venus des quatre coins de l’horizon ! Taizé est un trésor d’échanges, de spiritualité, de fraternité, une découverte de soi, des autres et surtout de Dieu, une bulle de réconfort dans un monde malheureusement sous tension.

Car à Taizé, la spiritualité est partout. Dans les trois prières quotidiennes qui rythment les journées, dans les chants, la lecture des Ecritures, les temps de silence, comme dans la nature qui nous entoure, calme et sereine, la rencontre avec les autres, les partages bibliques riches en dialogues fraternels, les repas communs, les rires, les pleurs, les mots et les ressentis… Comme il est bon de se rendre chaque matin, midi et soir, dans cette immense église modulable, de s’asseoir par terre, de retirer ses chaussures et d’entonner en boucle les merveilleux chants spécifiques à la communauté, véritables prières chantées qui permettent d’entrer en méditation, d’ouvrir son cœur à une énergie incroyable, palpitante, transcendante, qui nous rapproche du Divin… Comme il est doux de descendre à la Source Saint-Etienne, ce lac entouré d’arbres centenaires, où l’humain se doit de se faire discret pour mieux percevoir le bruissement de l’existence animale et la beauté du végétal… Comme il est rassurant de rencontrer, de discuter, d’échanger nos quêtes, dans toutes les langues possibles, avec des gens venant d’autres pays, d’autres cultures, d’autres religions, et pourtant tous tournés vers le même guide, Jésus, de bénéficier de cette hospitalité bienveillante et chaleureuse, à l’image du Christ…

 

Nul ne revient jamais de Taizé sans avoir été au minimum déplacé, remué, voire totalement transporté. Le premier séjour dans la communauté est toujours un choc et une expérience inégalable. Il y a toujours un « avant » et un « après » Taizé. Les « anciens » le savent bien, eux qui aiment à observer avec bienveillance les « nouveaux » tout au long de la semaine, pour discerner le moment où chacun va se laisser imprégner par l’esprit du lieu… ou plutôt par l’Esprit, avec une majuscule !

Cette année, nos jeunes Protestants étaient peu nombreux, certes, mais tellement impliqués, à l’écoute et ouverts à la découverte. Dès les premières heures, le groupe s’est soudé : la forte camaraderie qui les a tous portés était empreinte de gentillesse, de sollicitude fraternelle, d’attention les uns pour les autres. Pour autant, ces liens solides ne les ont pas empêchés d’aller à la rencontre des autres : ils ont pu faire connaissance avec nombre de jeunes sur le camp. Avec ce groupe, la semaine, et tout particulièrement les temps bibliques du matin, ont été d’une grande richesse : ils se sont confiés à cœurs ouverts, ont exprimé leurs doutes, tout autant que leur foi, leur besoin de se rapprocher de Dieu. Ils ont échangé leurs émotions sans crainte du jugement des autres. Nous avons connu de très beaux moments, chaleureux, intenses et inoubliables.

 

Pour l’équipe d’animation, cette exceptionnelle entente, a été source d’émerveillements et d’espérance : voir la jeunesse, l’avenir du monde, mettre en pratique l’amour du prochain et suivre l’enseignement du Christ, est toujours une grande joie. Oui, vraiment, ces liens étaient palpables ! Preuve en a été les larmes versées à la descente du car, au retour, et les messages échangés ensuite sur la page WhatsApp :

« Mon corps est bien rentré mais j’ai l’impression que mon âme est restée là-bas. Je m’en trouve déboussolé. J’ai l’impression que mes journées avaient plus de sens là-bas, et qu’il va m’être difficile de trouver du sens à ce que je vais faire, ici, chez moi. J’en suis par conséquent très impatient d’y retourner et j’espère tous vous revoir » (Aleksi, 16 ans) ;

« Merci à tous pour cette semaine riche en expériences. Prenez soin de vous » (Mathis, 16 ans) ;

« Merci à ceux qui ont été là pour moi » (Lucie, 15 ans) ;

« Merci beaucoup pour ce séjour, une semaine très enrichissante dont je ne retiens que du positif. J’ai fait de superbes rencontres ! À la prochaine, d’ici là, prenez soin de vous ». (Dolisane, 16 ans).

Nous, adultes, avions fait le pari de ne pas nous montrer trop pesants : de veiller sur eux sans intervention excessive, de garder une attentive distance pour les laisser s’aborder, s’éveiller, se découvrir, sans le poids de l’autorité. D’être là quand ils le souhaitaient ou en ressentaient le besoin, jamais dans le contrôle. Ils n’ont d’ailleurs pas manqué de le remarquer et de nous en remercier. Surtout, ils ont su se montrer dignes de la confiance que nous leur accordions en adoptant une attitude irréprochable au quotidien, dans l’exécution des tâches demandées par la communauté, dans le respect les uns des autres, dans leur assiduité à l’église et aux moments de rencontres bibliques, dans leur savoir-être.

 

C’est également avec l’intelligence du cœur et une maturité évidente que nos jeunes ont pris toute la mesure de l’engagement œcuménique, social et spirituel de la communauté. Armés d’une grande perspicacité et une piété certaine, ils ont profité de l’invitation à une rencontre avec Frère Benoit pour poser des questions d’une pertinence remarquable. Là où, la plupart du temps, les frères se voient interrogés sur ce qu’ils mangent, où ils dorment ou leur mode de vie, Frère Benoit a dû réfléchir d’entrée de jeu au pourquoi de son engagement dans la communauté, à des questionnements sur l’appel reçu. Nous avons beaucoup évoqué la foi, l’importance de l’œcuménisme, l’attitude à avoir avec son prochain, le rôle de chacun dans le monde. Frère Benoit, fort impressionné par le niveau de réflexion du groupe, nous a d’ailleurs fortement conseillé de revenir l’année prochaine pour assister au temps de Pâques. A la suite de cet échange plaisant, trois d’entre nos jeunes ont eu la chance totalement inédite d’être conviés à déjeuner avec l’ensemble des frères, le lendemain, sitôt la prière terminée : ainsi, Aro Tony (19 ans), Lucie (15 ans) et Mathis (16 ans) ont partagé prières, chants et mets avec les représentants de la communauté. En outre, ils ont eu l’occasion de donner leurs impressions sur Taizé. Certains frères ont été émus aux larmes de constater à quel point leurs trois invités se disaient atteints par l’Esprit Saint, bouleversés par la prière commune et grandis dans leurs convictions, emplis de confiance en Dieu. Pour sa part, en sortant de cet échange, Aro Tony nous confiait avoir été touché par la douceur des frères : « J’ai appris énormément de choses. Je vais devoir prendre le temps de tout ranger dans mon cerveau et surtout dans mon cœur ».

 

Est-il utile de préciser que nous reviendrons à Taizé ? Tous ont déjà noté le rendez-vous dans leurs agendas : l’année prochaine, nous serons tous présents dans la communauté, des Rameaux au dimanche de Pâques ! Nous espérons bien emporter avec nous davantage de jeunes encore, pour faire découvrir au plus grand nombre la bénédiction que représente une semaine passée à Taizé. Prenez donc date : Taizé 2025 aura lieu du 13 au 20 avril. C’est dit !

 

Et en attendant de nous revoir, une fois n’est pas coutume, nous laissons la parole à des adultes, quelques un(e)s de cette formidable équipe d’animation 2024 :

 

Anna Rosset, paroisse de Saint-Cloud et Celle-Saint-Cloud :

Taizé, un voyage dans l’espace intérieur… Je pense à chaque fois que je viens à Taizé que je sais exactement ce qui va m’arriver…  Je connais soi-disant le programme, comment m’habituer à une vie en communauté. Et pourtant…les choses qui œuvrent en nous pendant la semaine, me mènent toujours dans des espaces inconnus et inexploités de mon esprit.

 

Dans ma vie quotidienne en tant que musicienne- organiste dominicale dans une paroisse de la banlieue parisienne, je rencontre souvent des jeunes (et des moins jeunes) qui me disent qu’ils ne peuvent pas accrocher à la musique du culte ou aux chants.

 

Est-ce que Taizé peut nous apprendre quelque chose ? Dans une immersion totale avec d’autres personnes, venant de pays étrangers ou d’autres régions en France, nous partageons trois fois par jour des prières dites  » à la Taizé « . Le chant prend une place principale durant ces prières. Les chants sont courts, les textes venant de la Bible ou écrits, par exemple, par Saint François d’Assise ou Frère Roger (le fondateur de la communauté), avec un discours direct que nous comprenons instantanément, malgré le fait que nous chantions en d’autres langues que la nôtre (Il y a toujours une traduction !). Les chants sont répétés maintes fois. Après quelques temps, nous les connaissons par cœur, et nous avons la possibilité de fermer les yeux, de nous laisser aller dans une prière toujours plus profonde, en nous-même et en communion avec Dieu. Saint-Augustin disait déjà au Vème siècle « Qui bien chante, deux fois prie ».

 

Au cours de la semaine, nous chantons souvent les mêmes chants, malgré qu’ils soient nombreux dans le recueil. On retrouve des anciens « tubes », comme « Laudate omnes gentes », mais aussi de nouveaux favoris. Cette année, j’ai accroché à un chant en allemand très court (seulement quatre mesures) : « Atme in uns, Heiliger Geist » ( Souffle en nous, Esprit Saint).

 

Je suis rentrée chez moi avec une sensation que l’esprit Saint était là toute la semaine, en nos jeunes et en nous.

 

Je garde une joie dans mon cœur qui, je sais, va me nourrir pendant cette année, en attendant le prochain voyage à Taizé.

 

Léo Calame, paroisse d’Aubervilliers :

Taizé c’est chaque fois différent et pourtant toujours aussi réjouissant et apaisant. Taizé c’est le cadeau de la simplicité. On fait avec tellement moins que dans nos quotidiens, mais tout surabonde : le temps, les rencontres, la nature printanière, les sourires, les larmes aussi. On apprend aussi beaucoup des discussions avec les plus jeunes dans les groupes de partage biblique. Cette année j’étais particulièrement touché par la façon dont les jeunes de mon groupe ont parlé de la dureté du regard des autres à l’adolescence à partir du texte de Luc 5, 27-32, ou encore du partage des tâches domestiques et de soin à partir du texte de Luc 10, 38-42. J’ai beaucoup apprécié venir à Taizé avec le groupe d’Ile-de-France : c’était une joie de revoir les visages connus l’année précédente et de faire de nouvelles rencontres. Notre groupe était plein de bienveillance, d’écoute mutuelle et d’engagement ensemble et pour les autres. Je reviens chez moi apaisé et grandi dans l’espérance.

 

Orianne Oyono, paroisse d’Aubervilliers :

Responsable de l’animation jeunesse dans ma paroisse, je suis impressionnée, depuis mon premier séjour en 2023, par leur facilité à aller vers d’autres jeunes d’autres pays, comme s’ils se connaissaient depuis des années, par leur implication dans les partages bibliques, les activités… tout cela dans la joie, la bonne ambiance. J’ai vu combien ils adorent être ensemble. De mon côté, une chose est sûre, mon deuxième séjour à Taizé a été complètement différent du premier, spirituellement en particulier : j’ai aimé, j’ai ressenti beaucoup de choses, d’émotions en moi, que du positif, en énergie comme en sentiments. J’ai quitté Taizé dans un état saint. J’espère que cela durera jusqu’au prochain séjour (bien-sûr que je serais au rendez-vous !).

 

Corinne Lion-Cerf, paroisse du Raincy et environs :

Cette année, je n’avais pas prévu de me rendre à Taizé, mais mon fils, Clément Kniebihler, n’ayant pu obtenir ses vacances cette semaine-là, j’ai rempilé pour ma 10ème fois ! Et je ne regrette vraiment pas 😊. En effet, chaque année est différente : certains jeunes rejoignent ceux qui y sont déjà allés une ou plusieurs fois ; sur place le nombre varie de quelques centaines à plusieurs milliers ; les nationalités présentes sont en fonction des vacances scolaires européennes, etc. Donc, aucun risque de se lasser, l’expérience apporte toujours autant de joie dans les rencontres et les échanges, sans cesse renouvelés.

 

Passer une semaine à Taizé est vraiment quelque chose d’unique que je recommande à tous. Aux jeunes, bien sûr, mais également aux adultes qui souhaiteraient rejoindre l’équipe encadrante…

 

 

Pour le SRJ, Gaëlle Couvez

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