Il faut alors citer une figure majeure : Tommy Fallot (1844-1904). Élevé au Ban-de-la-Roche dans le souvenir de l’action d’Oberlin, le pasteur Fallot suit avec enthousiasme le Réveil lancé par McAll. Il devient le penseur d’un socialisme chrétien allant jusqu’à prêcher de la sorte : « Le socialisme a emprunté à l’Évangile une partie de son programme. Il veut constituer la société sur les bases de la justice. L’Évangile le veut aussi. À cet égard, blâmer le socialisme serait condamner l’Évangile et les prophètes ».
Ils sont alors nombreux – et de tous les courants théologiques – ceux qui adhèrent à ce grand mouvement qui promeut la justice sociale plutôt que la charité qui se donne bonne conscience. Parmi les pasteurs il y a des penseurs comme Raoul Allier ou Charles Wagner, et d’autres qui ont consacré tout leurs ministères à cette théologie : Wilfred Monod, Jules Jézéquel ou bien encore Élie Gounelle et Henri Nick.
Pasteurs à Rouen, Laval, Roubaix ou Lille, tous ont créé des foyers populaires où, en plus des cultes, se tenaient des réunions de prévention contre l’alcool ou la prostitution, offrant des aides matérielles et morales. Ces « fraternités » permettaient aux ouvriers de se réunir et d’avoir accès à des bibliothèques, des colonies de vacances, à un environnement sain.
Après la Première Guerre mondiale, les questions autour du pacifisme chrétien ainsi que de l’œcuménisme voient le jour. Du côté catholique, en effet, un mouvement parallèle était apparu suite à l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII qui institue la doctrine sociale de l’Église.
Ainsi des objecteurs de conscience comme des économistes (disciples de Charles Gide, fondateur du mouvement coopératif et théoricien de l’économie sociale) poursuivront jusqu’à aujourd’hui la lutte contre les fléaux sociaux nourrie par leur foi ancrée dans un Évangile de justice.
Pasteur Pierre-Adrien DUMAS
Source :
Musée virtuel du protestantisme