Chronique historique – l’UCJG rue de Trévise

Panier ! Petite histoire d'un immeuble parisien…

Après cette période forte en émotion des Jeux Olympiques, et à l’heure où dans de nombreuses paroisses une exposition sur le protestantisme et le sport nous rappelle qu’un certain nombre de disciplines sont nées de l’impulsion de pasteurs ou de mouvements de jeunesses protestants, allons faire un tour dans le quartier des théâtres parisiens, au 14 rue de Trévise.

 

Que se cache-t-il derrière la façade de cet immeuble du IXème arrondissement de la capitale ? Au premier abord, un théâtre dont l’entrée est à gauche du bâtiment, et qui a accueilli tous les grands noms de l’humour français. Mais la porte de droite indique la véritable destination et le propriétaire de ce lieu : l’Union Chrétienne de Jeunes Gens (UCJG) ou si vous préférez les Young Men’s Christian Association (YMCA, ça fait plus disco !).

 

Ce mouvement de jeunesse et d’éducation populaire, né à Londres en 1844 à l’initiative de George Williams, philanthrope congrégationaliste, a pour ambition d’élever la jeunesse chrétienne aussi bien sur le plan intellectuel, spirituel que physique.

 

Devanture de l'UCGJ rue de Trévise

Salle de gymnastique de l'UCGJ rue de Trévise

Le mouvement s’implante en France à partir de 1852 grâce à trois pasteurs : Antoine Vermeil, Napoléon Roussel et Edmond de Pressensé, qui ont le souci d’encadrer les jeunes étudiants de plus en plus nombreux en cette seconde partie du siècle. En 1893 est créé l’Union Chrétienne de Jeunes Filles (UCJF) qui propose aux filles les mêmes activités ou services : foyers, bibliothèques, conférences, cours du soir, activités sportives, etc.

 

Cette même année, l’UCJG de Paris s’installe dans l’immeuble du 14 rue de Trévise conçu par Émile Benard, architecte normand. A l’image de l’Union, cet ensemble de 4 500m 2 abrite sur quatre étages un foyer, un restaurant coopératif, une piscine couverte (désaffectée en 1965), une salle polyvalente de théâtre, concerts et conférences, bibliothèque, bowling, billard, escrime, services sociaux et médicaux, cercles d’étude et de partages bibliques.

 

Mais ce qui en fait la renommée internationale, c’est sans conteste sa salle de gymnastique équipée dès l’origine de vestiaires et de douches. Cette très belle salle possède un magnifique parquet de lames de chêne, posées à bâton rompu sur un lit de sable et de goudron pour assurer la souplesse du sol. Le tout est surmontée d’une galerie métallique dont la structure rappelle l’influence de Gustave Eiffel et qui est en réalité une piste de course dont le sol est légèrement incurvé. Elle est à l’heure actuelle la plus vieille salle de basket au monde !

 

Ce sport a vu le jour en 1891 dans un collège de Springfield, aux États-Unis. Mais c’est au printemps 1891 qu’une démonstration publique de ce nouveau sport se tint à New York, dans les locaux des YMCA, et fit connaître au monde les principes de ce ballon qui atterrit dans un panier. A peine deux ans plus tard, le 27 décembre 1893, eut lieu le premier match de basket en Europe, en France, à Paris, dans l’immeuble des UCJG au sein de cette salle qui est la réplique de la salle originelle de Springfield, qui, elle, a depuis disparue dans un incendie.

 

En octobre 1894 est fondé le premier club de basket de l’histoire : le BBC Trévise.

 

Cet immeuble, classé aux Monuments historiques en 1994, a entamé depuis quelques années une longue et coûteuse rénovation. Vous pouvez par exemple « adopter » une lame de parquet afin de soutenir sa remise en état (https://adopteunelame.com/?ref=basketeurope.com). La salle de basket est fermée au public et ne se dévoile qu’au cours des Journées du Patrimoine ou comme décor pour le clip de la chanson Normal du chanteur Eddy de Pretto.

 

Pasteur Pierre-Adrien DUMAS

Sources :

  • Musée virtuel du protestantisme
  • Journal Le Parisien
  • Journal Les échos
  • Site web de l’Institut National de l’Audiovisuel
  • Site web des UCJG

Contact