5) Un témoignage autour de la question : Que pouvons nous faire ? Pouvons nous toujours trouver une solution ?
Retour sur le forum KT du 14 octobre
Lors du bref moment de bilan avec les participantes (aucun homme en vue !), j’ai été touchée par plusieurs paroles pointant le manque de concret et notamment cette fameuse question : « Comment faire avec un enfant turbulent ? » J’ai été touchée, car dans l’équipe de préparation, je suis celle avec l’étiquette professionnelle « spécialiste » du handicap. (Je suis orthophoniste et je travaille auprès d’enfants avec des troubles cognitifs ou autisme). Et sur le moment, je n’ai pas su formuler de réponses. Mais depuis, j’ai pris le train et je suis partie quelques jours en vacances ce qui m’a permis de formuler un bout de réponse. Cette réponse ne se veut qu’une réflexion personnelle et rien de plus.
En effet, tout au long de la journée nous avons évoqué la différence, le besoin de s’adapter à tous et d’accueillir tant que nous nous en sentions capables. Christian Apel nous a présenté les outils qu’il utilise auprès des personnes déficientes intellectuelles pour faire vivre le message de l’Evangile et animer des temps de culte. Ces « trucs » sont tout à fait utilisables dans nos groupes d’enfants, avec ou sans handicap. Ils nous permettent de rendre concrets les différents temps liturgiques. Mais, tous ces « trucs » ne sont pas des solutions miracles qui vont changer l’enfant turbulent en enfant sage. Or, il semble que ce soit quelque chose que nous souhaitons secrètement. En effet, en début de journée, lors de temps d’échange en petits groupes, nous avons pu dire nos attentes, nos freins et nos besoins concernant l’animation de la catéchèse dans nos Eglises. Voici ce qui est revenu régulièrement dans ces échanges : ces fameux enfants qui « remuent » et le besoin d’être « armée » pour la gestion de groupe. Ce sont les phrases que j’ai mis dans mon carnet de note, il y a d’autres paroles échangées mais ce sont celles qui m’ont guidée dans la mise en forme de ce billet.
Alors, voici ce que je voudrais répondre maintenant en ayant eu le temps de réfléchir et de formuler mes idées : il n’y a pas de solution !
Mais je ne m’arrête pas là, il y a plus à dire. J’ai été frappée lors d’une réunion de préparation avec Christian. Nous discutions de sa pratique concrète et il nous avouait que parfois quand une personne présente des troubles du comportement, en raison de son handicap ou de sa maladie, empêchant le déroulement du culte ou de l’animation, il n’y a parfois pas d’autres solution que de faire sortir la personne pour permettre aux autres de poursuivre. Faire sortir, ne veut pas dire ne plus s’occuper d’elle. La porte sera ouverte pour venir à nouveau la prochaine fois. Et ça, je le vois régulièrement également dans mon quotidien professionnel : quand un enfant met en « danger » le groupe et l’animation qui est proposée à chacun, alors il en est sorti le temps nécessaire au retour au calme (et il est accompagné pendant tout ce temps, il n’est pas mis au coin). Et cela demande souvent une énergie folle aux éducateurs et éducatrices spécialisées.
Et donc voilà, nous y sommes : même les professionnels de l’éducation, du handicap et du soin n’ont pas de solution !
Alors, il n’y a rien à faire ? Bien sûr que non !
Et c’est là qu’en effet nous devons être armées ! Et même doublement armées.
D’une part, convaincues que chacun des enfants accueillis dans notre groupe y a sa place. Dieu lui a fait une place avant nous et Dieu l’aime tel qu’il est. Nous ne sommes pas Dieu, nous avons à fortifier par la prière cette capacité à l’accueil inconditionnel.
Nous avons presque toutes pu dire que nos attentes ne sont pas de suivre le programme mais de vivre des moments de qualité avec les enfants et vouloir mettre en avant le plaisir d’être ensemble pour pouvoir vivre cet amour transmis par Dieu. Alors pourquoi, toutes ces activités ? Pourquoi cette frustration si nous n’y arrivons pas ? L’enfant qui boude dans son coin peut entendre l’histoire que nous lisons aux autres. Celui qui préfère jouer aux kapla et ne pas réaliser la carte qui illustre le récit du jour, sera-t-il un moins bon chrétien ?
D’autre part, notre manière d’être et d’accueillir les enfants peut faire évoluer les choses. En effet, utiliser des technique de gestion de groupe, alterner les activités, quitter l’idée d’une catéchèse scolaire, ce sont là des pistes. Nous pouvons aussi utiliser une charte avec les enfants pour que les règles de fonctionnement du groupe soient claires et connues de tous et toutes. Présenter le déroulé de la séance pour que les enfants sachent ce qui va arriver, un peu à l’image du « totem liturgique » utilisé par Christian Apel. Suivre un déroulé relativement ritualisé pour pouvoir se repérer. Ou encore mettre une horloge dans la pièce pour savoir quand les parents vont revenir les chercher.
Etre catéchète, pendant le temps que nous passons avec les enfants et les adolescents : c’est être animateur ou animatrice. Alors formons-nous ! Allons passer des BAFA. Faisons venir des organismes spécialisés dans l’animation biblique pour nous guider. Continuons à venir au forum KT, participons au temps d’échange proposés par les services régionaux et nationaux qui nous permettent d’édifier et fonder nos pratiques.
Nous n’avons donc pas une solution, mais plusieurs à explorer.
Noémie Dietz-Quillet