Quels objectifs en catéchèse ?

En catéchèse, comme dans bien d’autres domaines, nous provoquons souvent nous-mêmes notre propre sentiment d’échec. En général parce que nous voulons trop bien faire ! Heureusement, ce n’est pas une inéluctable. Explications.

L’origine d’une bonne partie de nos difficultés en catéchèse est à chercher du côté de nos objectifs. Ils sont souvent implicites (« l’important c’est l’animation ; le reste suivra ») et ne structurent donc pas l’équipe et le parcours catéchétiques. Ou bien ils sont flous (« que les enfants connaissent la Bible ») et n’offrent donc aucun soutien dans la progression du groupe. Parfois, ils manquent de souplesse (« il faut ‘faire le programme’ quoiqu’il arrive ») et ne sont plus d’aucun secours lorsque le groupe évolue autrement que ce que nous avions prévu. Surtout, par idéal et souci de bien faire, nos objectifs sont en général bien trop ambitieux, voire carrément hors d’atteinte, typiquement : « que les enfants confessent personnellement Jésus-Christ ». Cela, c’est bien sûr notre espérance, mais ce n’est en aucun cas à notre portée ! Même si cette espérance peut (et doit) être au cœur de notre prière de catéchètes, sa réalisation ne relève ni de notre décision, ni de notre compétence : elle est l’œuvre du saint Esprit.

Ne pas avoir d’objectif en catéchèse, ou des objectifs mal déterminés, ou des objectifs inatteignables, nous conduit à une catéchèse « activiste » (qui se satisfait de ses activités, point) ou, plus sûrement, à éprouver sourdement un sentiment d’échec, de puits sans fond, parfois même de culpabilité devant ce que nous ressentons comme un échec de la transmission.

A l’inverse, avoir des objectifs explicites, précis, atteignables, souples, vérifiables et surtout toujours présents à l’esprit donc très simples, est une boussole extrêmement précieuse. Ces objectifs sont à décliner à long terme (quels sont les objectifs des années de catéchèse auxquelles les enfants participeront ?), à moyen terme (quels sont les objectifs de telle année de catéchèse ?), à court terme (quels sont les objectifs de telle séance de catéchèse ?). Ils permettent de choisir les contenus et les méthodes, de motiver les parents et les catéchètes, de mobiliser la communauté.

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    Je formule ici, extrêmement brièvement, les objectifs de long terme qui personnellement me guident en catéchèse.

     

    Dans les années qui suivront leur catéchèse, les jeunes devenant et devenus adultes seront amenés à choisir et assumer des orientations en matière de formation, professionnelle, conjugale, familial, de style de vie et d’éthique, etc. – outre les orientations en matière de foi bien sûr. Ce sont des choix qui ne sont pas seulement utilitaires ou pragmatiques, mais qui engagent l’existence, qui touchent au sens de la vie ; dans ce sens, ce sont aussi des choix spirituels. Pour moi, la catéchèse doit viser à informer et accompagner ces choix de vie, de telle sorte qu’ils soient assumés comme des choix spirituels et, si possible, comme des choix spirituels chrétiens. On est ici dans le très long terme, dans ce qu’on peut appeler les finalités de la catéchèse.

     

    Quels objectifs de long terme plus clairs et plus opérationnels peut-on formuler au service de cette finalité ? J’en vois trois, qui tournent autour des mots : Bible, lumière, pertinence.

     

    Premier objectif : acquérir une familiarité avec la Bible. Il s’agit ici de fréquenter les Ecritures de telle sorte qu’elles deviennent un livre assez familier pour que les enfants et les jeunes sachent se repérer. Inutile de tout savoir, de tout connaître, de réciter. L’important est que les grands personnages, les grands thèmes, les principaux repères narratifs et historiques, les principes de base en matière de lecture et d’interprétation, soient connus. Plus tard, devenu « grand », la Bible sera une ressource accessible et réellement disponible.

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      Deuxième objectif : rencontrer des adultes pour qui l’Evangile est une lumière. Si on en reste à un livre, même attractif et passionnant, cela demeure un texte. Pour que ce texte entre en résonance avec la vie, il faut qu’il prenne chair. Il faut donc que les enfants, les jeunes, rencontrent des témoins, c’est-à-dire des personnes qui osent dire et montrer, chacune à sa manière, que l’Evangile ça compte pour elles. Plus tard, devenu « grand », on pourra se dire à l’heure des choix : si c’était éclairant pour d’autres, ça peut l’être aussi pour moi.

       

      Troisième objectif : faire l’expérience que l’Evangile est pertinent là où j’en suis. Si l’Evangile c’est seulement pour « l’âme », le dimanche matin ou les fêtes de famille, c’est un évangile confiné, qui ne concerne pas le quotidien de ma vie. Mais si, pendant ma catéchèse, j’ai joué dans un contexte d’Evangile quand j’aimais jouer, si je me suis interrogé avec l’Evangile à l’âge des interrogations, si j’y ai trouvé des mots pour mes colères ou des consolations à l’heure des épreuves, etc., alors plus tard, devenu « grand », l’Evangile pourra être pertinent dans mes choix puisqu’il l’a déjà été auparavant, là où j’en étais.

      Si ces trois objectifs sont atteints, les enfants, les jeunes auront reçu ce que nous pouvons leur donner pour que leurs choix de vie soient aussi des choix spirituels, et pourquoi pas des choix vécus devant Dieu, le père de Jésus le Christ. L’Evangile pourra entrer en résonance (c’est ce que signifie le verbe grec d’où provient notre mot catéchèse) avec leur vie.

       

      Mais cela, c’est ma manière de formuler des objectifs de long terme. Quelle serait la vôtre ?

       

       

      Pasteur Laurent SCHLUMBERGER

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