Documentaire sur notre Synode régional 2025

Pendant trois jours, la Région parisienne de l’Église protestante unie a vécu ce que notre tradition appelle un synode : un lieu où l’on écoute, on débat, on confronte des visions… puis on décide ensemble. Ce n’est pas parfait. Ce n’est pas toujours simple. Mais c’est une manière singulière d’être Église : affronter les tensions au lieu de les cacher, pour avancer malgré tout dans une communion choisie. Découvrez le Synode comme si vous y étiez dans ce documentaire vidéo.

Découvrez le synode en image !

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Un « parlement d’Église »… sous la Parole

Dans notre régime presbytérien-synodal, les grandes décisions ne viennent ni d’un évêque ni d’un « centre » abstrait : elles sont prises par des délégués élus par les Églises locales, réunis en synode.

À Dourdan, le synode régional 2025 rassemblait ainsi :

  • des délégués envoyés par chaque paroisse de la Région parisienne,
  • des ministres (pasteur·es, proposants),
  • des représentant·es de services et d’œuvres (jeunesse, communication, interculturalité, entraide, etc.).

Chaque délégué·e à voix délibérative dispose d’une voix. La majorité était fixée à 81 voix : en dessous, une décision n’est pas adoptée.

Le synode n’est pas qu’un « parlement ». Chaque journée commence et se termine par un temps d’aumônerie (lecture biblique, prière, chants). Un culte avec Sainte Cène est célébré le dimanche matin. Et pour aider les délégués à comprendre les enjeux, des vidéos de formation sont diffusées tout au long du week-end : régime presbytérien-synodal, finances régionales, fonctionnement des votes, rôle des vœux…

Le documentaire réalisé cette année s’inscrit dans cette même dynamique pédagogique. Il répond à un sondage mené l’an dernier dans toute la Région, qui faisait ressortir deux choses : un sentiment de manque d’information sur ce qui se passe en synode, et, chez certains, un désintérêt croissant pour ces temps jugés trop lointains. Montrer les visages, les débats, les votes, c’est une manière de rouvrir la porte entre synodes et paroisses.

Un fonctionnement exigeant, qui assume les désaccords

Le synode est un lieu où l’on décide, mais pas n’importe comment.

À Dourdan, le travail s’est fait en plusieurs temps très clairement structurés, en particulier autour du sujet “L’Église universelle” :

  • Plénière : présentation du rapport régional, du contexte national, des résultats du questionnaire envoyé aux Églises locales, et des enjeux théologiques et pratiques.
  • Groupes de travail : les délégués ont été répartis en plusieurs groupes, travaillant à partir de cinq séries de questions (accueil des personnes venues d’ailleurs, relations avec les Églises étrangères, tension identité réformée / diversité, place des autres confessions et religions, rôle concret de l’Église universelle dans la vie locale, etc.).
  • Rédaction : les rapporteurs régionaux ont ensuite relu l’ensemble des remontées des groupes pour élaborer un projet de texte qui reflète à la fois les convergences et les tensions exprimées.
  • Débat en assemblée : ce projet a été lu et discuté en plénière. Des amendements ont été proposés à la tribune (mots à préciser, nuances théologiques à ajuster, exemples à ajouter ou à retirer).
  • Vote final : après cette phase d’ajustement, le texte a été soumis au vote et adopté à une large majorité.

Le même type de dynamique a été mis en œuvre pour le rapport du Conseil régional, les finances et les vœux : d’abord une présentation, puis des questions, parfois vives, des objections, des reformulations, avant de passer au vote.

Autrement dit : on ne gomme pas les désaccords, on les traverse, dans un cadre commun, avec des règles partagées et des procédures claires. C’est cette manière de faire qui donne au cahier post-synodal sa valeur : il ne sort pas de nulle part, il est le fruit d’un travail collectif où beaucoup de voix se sont croisées.

Une Église en transition, lucide sur ses fragilités

Le synode régional 2025 s’inscrit dans un mouvement plus large : le synode national, réuni quelques mois plus tôt à Sète, a engagé une réflexion d’ampleur sur la gouvernance et les ministères. À l’échelle de toute l’Église, on assume enfin à haute voix ce que chacun pressentait : nous sommes dans une période de transition profonde.

En Région parisienne, le rapport du Conseil régional parle sans détour :

  • d’un côté, des paroisses dynamiques, des projets immobiliers ambitieux, des services actifs, une vie de jeunesse qui reprend souffle, des expériences nouvelles (interculturalité, communication, formation, médias) ;
  • de l’autre, une crise du pastorat, des équipes fatiguées, des vacances de postes, des tensions locales, des besoins de formation croissants, et une pression financière importante.
  • Il formule cette tension dans sa Vision 2025-2028 : « sortir de l’esprit de conservation et de survie pour s’ouvrir à un esprit missionnaire ».

Le synode 2025 devait donc arbitrer entre envie d’élan et réalisme institutionnel. Ce n’est pas un exercice spectaculaire, mais c’est là que se joue une bonne partie de l’avenir de nos communautés.

“L’Église universelle” : un thème qui nous rattrape de près

Chaque année, toutes les régions travaillent un même thème envoyé par le Conseil national. En 2025 : L’Église universelle.
Un questionnaire a été adressé aux Églises locales ; 47 y ont répondu. Le cahier post-synodal en donne le détail. Ce qui en ressort est assez clair : l’universalité de l’Église n’est plus d’abord un sujet lointain, c’est notre quotidien.

Nos assemblées comptent parfois une vingtaine de nationalités. La diversité culturelle est partout : dans les bancs, sur l’estrade, dans les conseils. Elle est vécue comme une richesse… et comme une épreuve :

  • styles de prière différents ;
  • manières d’exprimer sa foi plus ou moins émotionnelles ;
  • divergences liturgiques ;
  • crainte, chez certains, de voir l’« identité réformée » se diluer.

Les travaux de groupes à Dourdan ont reflété ces tensions. Personne n’a nié les frottements. Mais personne n’a souhaité revenir à une Église uniforme, refermée sur elle-même.

Un texte pour aider à penser ensemble

Le synode a finalement adopté un texte sur “L’Église universelle” que vous pourrez retrouver dans le cahier post-synodal. Il s’organise en trois axes :

  1. L’Église universelle à domicile
    La pluralité n’est plus une exception : c’est notre point de départ. L’enjeu n’est pas de retrouver l’homogénéité d’hier, mais d’apprendre à vivre une communion élargie, où la foi réformée se laisse déplacer sans se renier.
  2. L’Église universelle hors les murs
    L’accueil ne suffit pas. L’Église est appelée à aller vers celles et ceux qui ne franchiront jamais la porte d’un temple. Le texte reprend cette phrase de Bonhoeffer :
    « L’Église n’est l’Église que lorsqu’elle est là pour les autres. »
    Cela suppose d’assumer le dialogue, la rencontre, parfois le désaccord, dans l’espace public.
  3. L’universalité des expériences humaines
    Plutôt que de parler uniquement de ses propres enjeux internes, le synode invite à relire les grandes questions de notre époque (jeunesse, justice sociale, crises écologiques, souffrance psychique, quête de sens) à la lumière de l’Évangile.

Ce texte ne résout pas tout. Il offre un langage commun pour continuer le chemin — dans les conseils presbytéraux, les groupes bibliques, les prédications. C’est exactement ce que vous trouverez dans le cahier post-synodal : des mots pour poursuivre la conversation, pas pour la fermer.

Finances : ajuster les moyens aux priorités

Le rapport financier est lucide : après deux années d’excédents exceptionnels (legs importants, subventions), la Région entre en déficit structurel dès 2025–2026. Les dépenses augmentent (national, ministres, fonctionnement), les recettes stagnent.

Le synode a donc voté des orientations que le cahier post-synodal détaille :

  • un cadre pour les contributions 2026 ;
  • un nouveau partage progressif des legs entre paroisses et Région ;
  • la baisse de la cotisation ASEMEPUF ;
  • et un appel à contribution exceptionnelle pour financer deux priorités décidées en 2024 : la jeunesse et l’interculturalité.

Là encore, rien de magique. Simplement une conviction : si nous disons que ces priorités sont vitales, il faut oser y mettre des moyens réels, à l’échelle de la Région. C’est une manière très concrète de “faire corps” entre Églises locales.

Des vœux pour continuer le travail

En plus des textes et décisions, le synode régional adopte des vœux : des demandes ou orientations adressées au Conseil national, aux autres instances de l’Église ou aux Églises locales elles-mêmes. Ils prolongent les débats et indiquent des chantiers à poursuivre.

Parmi ceux votés cette année, le cahier post-synodal permet de retrouver notamment :

  • un vœu sur le ministère pastoral, qui demande de mieux accompagner les pasteur·es dans un contexte de crise des vocations, de charges accrues et de nouvelles formes de ministère (secteurs pastoraux, postes partagés, etc.) ;
  • un vœu sur l’aumônerie militaire, qui reconnaît que les armées sont aussi un lieu de vie, de fragilité et de mission, et encourage à mieux soutenir les aumôniers ainsi que l’accueil des militaires et de leurs familles dans les paroisses ;
  • un vœu sur la relation avec l’Inspection luthérienne de Paris, afin que les décisions du synode réformé soient mieux partagées et travaillées dans le cadre de la communion luthéro-réformée ;
  • un vœu sur les chrétiens persécutés, qui invite à garder vivante la prière et la solidarité, et à discerner des actions concrètes dans nos Églises ;
  • et un vœu concernant la formation aux premiers secours en santé mentale (PSSM), pour que ces outils soient davantage intégrés dans la formation initiale et continue des ministres.

Ces vœux n’ont pas tous le même poids, mais ils témoignent d’une même volonté : ne pas se limiter à gérer le présent, mais ouvrir des pistes pour l’avenir.

Une Église qui apprend à marcher ensemble

On pourrait résumer l’esprit de Dourdan en une image biblique citée par le président du Conseil régional :

« Élargis l’espace de ta tente » (Ésaïe 54,2).

Élargir l’espace de la tente, ce n’est pas se débarrasser des piquets. C’est accepter que la toile se tende, que cela tire un peu, que cela craque parfois, pour laisser de la place à de nouveaux visages, de nouvelles questions, de nouvelles manières de croire… ou de douter.

Ce synode 2025 n’a pas gommé les désaccords théologiques ni les tensions de gouvernance. Il les a mis au travail, dans un cadre commun, avec des règles partagées, des votes assumés, et une volonté tenace de rester une Église qui chemine ensemble.

Le cahier post-synodal que vous pourrez consulter prolonge ce mouvement : il ne donne pas seulement des décisions à appliquer, il offre de la matière pour comprendre, débattre, prier, et, pourquoi pas, se réjouir de voir que notre Église ne se contente pas de gérer l’existant, mais ose encore se laisser déplacer.

Une version courte du documentaire.

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