ça se passe près de chez vous : relevage de l’orgue du Saint-Esprit

Restauré avec passion, l’orgue du Temple du Saint-Esprit retrouve sa voix pour vibrer à nouveau au rythme du culte et de la culture. Un souffle neuf pour un témoin vivant de l’histoire musicale.

 

Le Temple du Saint-Esprit s’élève au milieu des années 1860 sous la direction de l’architecte Victor Baltard, protestant, tout comme le Baron Haussmann lui-même. À l’époque, il semblerait que les pouvoirs publics veillent à une parité entre les facteurs d’orgues rivaux Aristide Cavaillé-Coll et Joseph Merklin, installés à Paris depuis 1833 et 1855 respectivement. Ainsi, notre temple reçoit un instrument de Merklin, tandis que Cavaillé-Coll dote le Temple de la Résurrection d’un instrument de taille comparable mais de conception plus avancée et encore intact aujourd’hui. Or, rue Roquépine l’instrument est fort restreint pour un espace si vaste : second clavier court et petit pédalier sans sonorités graves indépendantes… Le grandiose buffet promet sans doute bien plus que l’instrument ne fournit en plénitude !

 

Aussi, à la fin du siècle, l’entreprise Cavaillé-Coll fut-elle chargée de reconstruire totalement l’orgue, ne retenant que les meilleurs éléments de tuyauterie, de soufflerie et de mécanique, réincorporés dans un orgue fondamentalement neuf et, surtout, reflétant l’éblouissante évolution de la musique d’orgue française en 35 ans. Inauguré en 1899 par Charles-Marie Widor, célèbre organiste-compositeur de Saint-Sulpice, il comportait désormais une impressionnante palette de subtiles couleurs sonores post-romantiques, deux claviers complets de 56 et un pédalier de 32 notes (la norme étant de 30). La tribune de 1865 fut agrandie en rajoutant deux ailes latérales épousant élégamment la forme octogonale de la salle. Le nouvel instrument fut illustré pendant une décennie par Wadja Sabra, musicien libanais majeur, auteur notamment de l’hymne national de son pays.

 

En 1911 le rez-de chaussée de la tribune fut remanié : la console reculée sous l’instrument et le grand réservoir d’air placé dans le vaste espace à l’arrière de l’orgue. C’est cet instrument qu’a touché Joseph Bizet (1876-1961), élève d’Alexandre Guilmant, grand spécialiste de l’harmonium pour lequel il a publié une méthode destinée expressément au culte protestant.

 

Depuis, seul un relevage en 1971 par la maison Gonzalez-Danion a jalonné la vie de l’instrument et aurait dû être « baroquisant », norme de l’époque peu favorable au romantisme, mais ce travail a laissé en l’état l’essentiel de l’instrument « Belle Époque ». Par la suite, diverses dégradations – dégâts des eaux, reconstruction intégrale du plafond du temple … – ont progressivement exacerbé l’usure naturelle du temps, rendant le son poussif et instable, le toucher mou. Restait certes une noblesse intrinsèque réhaussée par une acoustique exemplaire, unanimement ressentie par les centaines de visiteurs internationaux au fil des décennies.

 

Cet orgue a été finalement sélectionné par la Ville de Paris, propriétaire, parmi sept instruments historiques méritant une intervention ciblée et prioritaire. Fondé sur une expertise d’Éric Brottier, technicien conseil et suivant un appel d’offres, le marché a été attribué à la manufacture d‘orgues Quentin Réquier de Longuenesse près de Saint-Omer. Les travaux, financés par un mécénat répondant à l‘appel de la paroisse affectataire vivement reconnaissante, ont duré de fin janvier 2024 à fin avril 2025. Totalement démonté à l’exception du buffet et de la console, les innombrables composantes – soufflets, sommiers, transmissions, quelque 650 tuyaux de toutes tailles – furent transportées en atelier pour être nettoyées, redressées, voire remplacées si trop usées.

 

Alice Quoirin, spécialiste reconnue en restauration de boiseries, a entièrement restauré et nettoyé le buffet. Un ventilateur neuf a été installé près du réservoir principal et les peaux de mouton indispensables pour confectionner joints et charnières ont été renouvelées et tous les conduits d’air vérifiés, parfois reconstruits et rendus parfaitement étanches. Enfin la mise en harmonie de la tuyauterie a rendru à l’orgue ses couleurs et équilibres correspondant à leur état 1899. Ils sont au service du culte depuis le 4 mai, avec un bref récital tous les premiers dimanches du mois.

 

Kurt Lueders

 

Organiste de l’Église protestante unie du Saint-Esprit

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