Interview du Service œcuménisme de la région parisienne

L’œcuménisme, thème fascinant et souvent méconnu, était au cœur d'une discussion enrichissante avec Philippe Rivet de Sabatier et Éric Lombard, membres actifs du Service œcuménisme de la Région parisienne

Eric est également membre de l’Affmic (Association Française des Foyers Mixtes Interconfessionnels Chrétiens). Ensemble, ils ont éclairé les enjeux, les défis et les espoirs de cette démarche essentielle pour le dialogue entre les Églises chrétiennes.

 

 

1) Comment définiriez-vous l’œcuménisme en quelques mots simples pour quelqu’un qui n’est pas familier avec ce terme ?

Philippe Rivet de Sabatier : L’œcuménisme, c’est d’abord une réponse aux différences historiques, culturelles et théologiques entre les Églises chrétiennes. Ces différences peuvent concerner la compréhension de l’Église, des sacrements ou du culte. L’objectif est de promouvoir la coopération et le partage des richesses particulières de chaque tradition.

Éric Lombard : C’est également un chemin d’unité, où l’on reconnaît que ce qui nous rapproche — la Bible, le baptême, une foi commune en Christ — est bien plus important que ce qui nous divise. L’œcuménisme invite à se réjouir de la diversité des cheminements vers Dieu.

 

2) Quel est l’objectif principal de votre service œcuménique dans la région ?

Philippe Rivet de Sabatier : Nous avons trois grandes missions. La première est de multiplier les actes et les célébrations à caractère œcuménique. Ensuite, nous engageons des actions communes, comme des partages bibliques, des groupes de réflexion ou des initiatives liées à l’environnement. Enfin, nous accompagnons les foyers interconfessionnels dans leur parcours écclésial, notamment pour le mariage, le baptême des enfants ou la catéchèse.

Éric Lombard : Ces objectifs se traduisent concrètement par des célébrations communes et des actions concrètes. Nous avons aussi un rôle d’accompagnement pastoral, en aidant ces familles à vivre leur double appartenance comme une richesse plutôt que comme une difficulté.

 

3) Quels sont les bénéfices concrets de l’œcuménisme, que ce soit pour les paroisses ou pour les chrétiens en général ? Avez-vous des exemples concrets ?

Éric Lombard : L’un des bénéfices majeurs est l’approfondissement de la foi. Participer à des actions communes, comme des partages bibliques ou des initiatives environnementales, aide les chrétiens à redécouvrir la richesse des textes bibliques et à traduire cette foi dans des actions concrètes.

Philippe Rivet de Sabatier : Cela favorise aussi un accueil mutuel. Par exemple, nous voyons de plus en plus de mariages interconfessionnels ou de familles où les enfants sont baptisés dans l’une ou l’autre des deux traditions en présence de l’autre ministre invité . Ces gestes symboliques montrent que les Églises peuvent coopérer tout en respectant leurs différences.

 

4) Quelles sont les principales critiques que vous entendez à l’égard de l’œcuménisme, et comment y répondez-vous ?

Philippe Rivet de Sabatier : L’une des critiques les plus fréquentes est que l’œcuménisme reste minoritaire et peine à toucher les paroisses. Les avancées institutionnelles, comme les travaux du Groupe des Dombes, sont souvent peu traduites sur le terrain.

Éric Lombard : Une autre critique est la peur d’une dilution des identités confessionnelles. Mais l’œcuménisme n’a pas vocation à uniformiser. Au contraire, il valorise les spécificités de chaque tradition tout en renforçant leur unité en Christ.

 

5) L’œcuménisme n’est-il pas parfois perçu comme un dialogue sans fin, qui n’aboutit pas à grand-chose ? Que répondez-vous à cela ?

Éric Lombard : Le dialogue peut sembler interminable, mais son but n’est pas de tout résoudre immédiatement. Il s’agit de cheminer ensemble. Chaque rencontre est un témoignage d’unité, même si toutes les questions ne trouvent pas une réponse immédiate.

Philippe Rivet de Sabatier : Je dirais même que l’absence de fin est une richesse. L’unité parfaite appartient au Royaume de Dieu. En attendant, nous sommes appelés à cheminer ensemble, avec humilité.

 

6) Faut-il abandonner ses convictions fortes pour entrer pleinement dans une démarche œcuménique ?

Philippe Rivet de Sabatier : Absolument pas. Critiquer les autres traditions est légitime, tant que cela se fait dans le respect et avec la reconnaissance de ce qu’elles peuvent nous apporter. L’œcuménisme n’est pas une négation de nos convictions, mais une ouverture à la diversité.

Éric Lombard : Le chemin que je suis n’est pas le seul possible. Reconnaître cela est essentiel pour le dialogue. Cela ne signifie pas relativiser, mais comprendre que d’autres perspectives peuvent être enrichissantes.

 

7) Quels sont les plus grands défis de l’œcuménisme ?

Philippe Rivet de Sabatier : La reconnaissance des avancées œcuméniques est un défi, notamment au sein d’un clergé souvent surchargé et mal informé. Nous devons aussi lutter contre le repli identitaire et l’indifférence religieuse.

Éric Lombard : Un autre défi est de maintenir l’enthousiasme. Les années 60-70 étaient marquées par un grand élan œcuménique. Aujourd’hui, cet enthousiasme doit être renouvelé.

 

8) À quoi ressemblerait un œcuménisme « réussi » dans 10 ou 20 ans ?

Philippe Rivet de Sabatier : J’imagine un œcuménisme où l’accueil eucharistique entre protestants et catholiques serait systématique. Cela symboliserait une unité réelle, même si nous gardons nos spécificités.

Éric Lombard : Un œcuménisme idéal serait également marqué par une coopération accrue, tant dans les célébrations que dans les actions sociales. Il incarnerait un témoignage fort pour une société en quête de sens.

 

Propos recueillis par Émile Barbu, chargé de mission communication pour la Région parisienne

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