Chronique historique : Œcuménisme, une aventure de longue haleine

Le mois de janvier est marqué dans nos communautés locales par la Semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens qui permet des rencontres œcuméniques allant de la soirée-débat jusqu'aux échanges de chaires en passant par des célébrations communes.

Derrière ce néologisme du XIXème siècle, se cache une longue histoire de dialogues entre frères et sœurs aux relations difficiles…

 

Le mot « œcuménisme » est apparu en 1846 lors d’une réunion de l’Alliance évangélique à Londres dans la bouche d’Adolphe Monod. Il entendait par là le rassemblement d’individus et non d’Eglises sur la base d’une foi commune. Pourtant, les racines de ce terme viennent directement du grec : οἰκουμένη, la terre habitée. L’œcuménisme désigne donc la volonté d’habiter ensemble la même terre.

 

Chose difficile pour des chrétiens qui durant de nombreux siècles se sont affrontés au prix du sang et de l’excommunication au nom de leur foi ! Il fallut entendre que l’Europe se trouve sous les foudres de la Première Guerre mondiale pour que les premiers rapprochements entre catholiques et protestants se fassent naturellement, pour qu’enfin les crispations vieilles de plusieurs siècles se détendent.

 

En 1925, le christianisme social organise une première conférence œcuménique mondiale à Stockholm intitulée « Life and Work ». Cette date demeure l’une des plus importantes de l’histoire du mouvement œcuménique. Elle est suivie en 1927 par la conférence de Lausanne « Foi et constitution ». Elle permettront en 1948 la fondation du Conseil Œcuménique des Eglises.

 

Du côté catholique, longtemps réticent à la question puisque dans son dogme l’Eglise romaine est la seule garante de l’unité visible, il faut retenir l’instauration de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens en 1935 à l’initiative de l’abbé Paul Couturier (1881-1953). Cet ecclésiastique lyonnais avait été marqué en 1917 par l’accueil de réfugiés russes orthodoxes et avaient ainsi donné à cette Semaine non plus l’ambition de critiquer les autres Eglises mais de vivre une certaine universalité. Nous devons également à l’initiative du même abbé la création du groupe des Dombes en 1937 dont l’objectif est de réfléchir sur des points de doctrine litigieux, tels l’eucharistie ou l’autorité des ministères, pour retrouver des chemins de convergence.

 

Il faut ensuite attendre le grand mouvement de réforme de l’Eglise catholique suite au concile Vatican II (1962-1965). Dès 1960, le pape Jean XXIII crée un secrétariat pour l’unité des chrétiens et s’entoure de théologiens soucieux de la question à l’instar du père Yves Congar (1904- 1995) qui avait publié en 1937 un ouvrage très en avance sur son temps : Chrétiens désunis. Principes d’un « œcuménisme » catholique. Durant le Concile, des pasteurs sont invités comme observateurs tel que Hébert Roux (1908-1980), représentant de l’Alliance réformée mondiale.

 

Dans les années qui suivent Paul VI rencontre le patriarche œcuménique orthodoxe de Constantinople Athénagoras ce qui a pour conséquence de lever les anathèmes qui avaient provoqué le schisme de 1054. Puis l’archevêque de Cantorbery avec qui le dialogue était rompu depuis 1534 et qui aboutit en 1971 à un accord entre anglicans et catholiques sur l’eucharistie. Il rencontre également le Conseil Œcuménique des Eglises, favorisant ainsi d’autres avancées comme la Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) dont la première édition date de 1975.

 

A partir de cette époque, le nombre de mariages mixtes augmente très nettement. L’œcuménisme se joue alors directement dans les foyers donnant naissance à de nombreux groupes locaux favorisant les échanges entre les Eglises locales.

 

Plus récemment, le pape Jean-Paul II a signé en 1999 un accord historique à Augsbourg sur la doctrine de la justification s’accordant ainsi à dire l’importance de la grâce. Le pape François, quant à lui, a participé en 2017 à la commémoration des 500 ans de la Réforme à Lund (Suède) reconnaissant ainsi des blessures communes.

 

Aujourd’hui, l’œcuménisme se vit sous différentes formes que ce soit en Eglise, au niveau local ou national, ou bien à l’occasion d’une démarche personnelle. Et pourquoi pas aussi en faisant une retraite à Taizé, cette communauté œcuménique fondée en 1944 en Bourgogne ?

 

Pasteur Pierre-Adrien DUMAS

 

Sources :

  • André ENCREVÉ, Protestants français au milieu du XIXe siècle : les réformés de 1848 à 1870, Genève, Labor et Fides, 1986.
  • Musée virtuel du

 

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