« Le synode régional exerce collégialement le gouvernement de l’Eglise dans sa circonscription.
Il veille à la vie spirituelle et matérielle des Eglises locales ou paroisses, en étant particulièrement attentif au développement de l’action diaconale et missionnaire, ainsi qu’au travail des différentes commissions régionales.
Il est l’instrument de la solidarité entre les paroisses ou Eglises locales et de leur responsabilité collective.
Il donne son avis sur les sujets qui lui sont soumis par le conseil national et le synode national et veille à l’exécution de leurs décisions » (art. 8 §1).
Le synode régional est donc avant tout une instance de gouvernance parmi d’autres de notre Eglise dont le système de fonctionnement presbytéro-synodal articule différents niveaux : un presbytéral (local) et un synodal (national, avec une sous-organisation régionale). Le synode régional participe donc à la dimension synodale, à un échelon régional qui a ses caractéristiques propres. Cet échelon régional est de fait l’échelon où se vit le plus directement le cheminement commun des Eglises locales (l’étymologie du mot synode signifie « être en chemin avec ») puisque toutes celles de la région en sont constitutives : c’est les délégué.e.s désigné.e.s au sein des conseils presbytéraux qui sont les membres du synode régional ayant voix délibérative.
La gouvernance exercée par le synode est marquée à la fois par une veille mutuelle (les Eglises locales sont attentives les unes aux autres, à ce qu’elles vivent, et elles sont attentives ensemble à donner consistance au cadre fixé par le synode national), et par le fait de porter et la solidarité entre elles et leur responsabilité collective.
Pour les délégué.e.s, les sessions du synode régional sont donc des temps d’écoute mutuelle, de discernement commun, avec tout ce que de tels exercices peuvent impliquer d’interpellations, d’encouragements et de richesses donnés et reçus les un.e.s aux autres.
Il est toujours mieux de rappeler l’évidence : en Eglise ces temps se vivent nécessairement à l’écoute première de la Parole de Dieu. Le règlement des synodes prend d’ailleurs soin de l’assurer :
« La première séance de chaque journée est ouverte par l’invocation du nom du Seigneur et l’écoute de sa parole. De même, la dernière séance de chaque journée se termine par une prière d’envoi ou le chant d’un cantique. Au cours de la session, les membres du synode et les invités participent, avec les fidèles présents, à un culte comportant la Sainte Cène » (règlement du synode régional, art. 26)
A travers leurs délégué.e.s ce sont les Eglises locales qui sont parties prenantes à part entière de ces processus.
Le déroulement des sessions synodales a un cadre précis qui cherche à fixer les modalités pour que ce cheminement commun puisse se vivre au mieux, régulant notamment ce qui doit l’être pour de telles assemblées composées de plus d’une centaine de personnes et permettant au synode d’accomplir ce qui lui revient. Ainsi, les prises de parole sont régulées, les modes de prises de décision sont précisées, un bureau est élu (modérature, secrétariat, questure). En amont de la session synodale, il revient au conseil régional (élu lui-même par le synode régional) de la préparer, notamment en en arrêtant l’ordre du jour, en veillant à l’établissement et la bonne diffusion aux membres du synode des rapports et projets de décisions sur lesquels le synode aura à délibérer, en nommant des rapporteurs qui porteront ces projets.
Dans les incontournables du menu d’un synode régional nous pouvons relever l’examen d’un rapport du conseil régional, lequel « a la charge et la responsabilité d’exercer collégialement le gouvernement de l’Eglise dans sa circonscription dans l’intervalle des sessions du synode régional et selon les orientations fixées par lui », et est notamment chargé « de donner suite aux affaires et aux questions qui ont fait l’objet des délibérations du synode régional et du synode national » (art. 9 §1). L’examen des questions financières est aussi systématique, avec comptes de l’exercice clos de l’année précédente et projet de budget de l’année suivante. Est aussi toujours prévu un temps pour examiner les projets de vœux qui peuvent être portés librement par des membres du synode. Selon les années, l’examen de sujets soumis à l’avis des synodes régionaux par le synode national ou le conseil national peut prendre une place prépondérante dans les travaux du synode. Ou d’autres sujets décidés au sein de la région elle-même la concernant. Ce sera le cas en cette année 2024 pour la session du synode régional de la région parisienne réformée où le travail du synode sera largement occupé par l’examen des résultats de l’enquête « l’Eglise et nous ».
Avec toutes ces précisions, je répondrais donc à la question posée dans le titre de l’article en disant que le synode régional sert à participer à la gouvernance de l’Eglise (il en est une instance de gouvernance, parmi d’autres auxquelles il est articulé), et ce en synodalisant (par un cheminement commun en Eglise, les un.e.s avec les autres). Il participe à faire vivre un choix de gouvernance partagée à plusieurs niveaux qui est celui du système presbytéro-synodal tel qu’il se déploie au sein de l’EPUdF.
Mais je souhaiterais aussi relever qu’il serait faux de penser que la synodalité se limite aux synodes et à leurs sessions régionales ou nationales, même s’ils sont bien, au sein de l’EPUdF, les seules instances de gouvernance extra Eglises locales ou paroisses. Synodaliser (cheminer avec d’autres) se fait bien au-delà, de manières plus ou moins institutionnalisées et à plusieurs niveaux. On peut penser à des compagnonnages entre paroisses pouvant aller jusqu’à choisir de mutualiser certaines activités ponctuelles ou régulières. On peut penser à tel événement de formation réunissant des personnes de paroisses différentes. On peut aussi penser aux lieux institutionnalisés au sein de l’EPUdF mettant de fait en place une synodalité non gouvernante que sont les consistoires : « Le consistoire a essentiellement pour but de veiller au témoignage commun et à la solidarité des Eglises de son territoire » (constitution, art.5 §1).
A d’autres niveaux, « ad-extra » de l’EPUdF, national, international, mais qui peut aussi se vivre au niveau local selon la présence sur un territoire de telle ou telle paroisse d’une autre Eglise, l’EPUdF elle-même n’est-elle pas d’une certaine manière en synodalité avec les Eglises avec qui elle constitue telle communion d’Eglises (par exemple : CPLR , CEVAA , CEPE , FLM, CMER), voire aussi avec celles avec qui elle partage des engagements communs à travers telle ou telle institution (par exemple : FPF , COE) ?
Pasteur Emmanuel ROUANET