Dès 1852, un haut-fonctionnaire et historien français, Charles Read (1819-1898) – qui joua aussi un grand rôle dans la création du Musée Carnavalet – fonde la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (SHPF). Son objectif : rechercher, rassembler, étudier, conserver et publier les archives du protestantisme français. Une des premières réalisations de cette jeune société : publier une revue pour susciter un intérêt de la part des protestants pour leur Histoire. Le Bulletin de la SHPF est encore de nos jours un outil précieux pour les chercheurs. 172 ans de publication, un record de longévité !
Read s’entoure de passionnés comme les frères Eugène et Émile Haag qui achèvent à cette même époque la publication de leur monumentale France protestante, dictionnaire biographique qui se donne pour ambition d’établir une notice biographique pour tous les protestants français qui ont marqué l’Histoire de la Réforme jusqu’à la Révolution.
La SHPF est aussi soutenue par de grands noms. En 1865 le pasteur libéral Athanase Coquerel (1795-1868) lègue pas moins de 7 000 ouvrages de sa bibliothèque alors que le pasteur orthodoxe Frédéric Monod (1794-1863) avait fait la même démarche. Ce début prometteur de bibliothèque du protestantisme est d’abord conservé à partir de 1868 dans les appartements du baron Fernand de Schikler (1835-1909), banquier, qui réside place Vendôme.
Ce n’est qu’en 1885, pour célébrer le bicentenaire de la Révocation de l’Édit de Nantes, que les collections de la Société déménagent dans un immeuble du quartier de Saint-Germain-des-Près, le 54 rue des Saints-Pères. L’écrin pour accueillir ces précieux ouvrages est superbe. Une vaste salle de lecture éclairée par une verrière et deux niveaux de coursives agrémentées par les noms des illustres personnages de l’Histoire protestante. Sur les rayonnages se côtoient les Sermons de Saurin ou de Drelincourt, des éditions rares de la Bible, les poésies de Marot et Agrippa d’Aubigné, toutes les publications possibles sur l’Histoire de la Réforme ou du Désert, la littérature piétiste du Réveil avec les ouvrages de théologie du XIXème siècle. Tout ce que le protestantisme a pu éditer se trouve ici. Quelques fonds exceptionnels sont particulièrement choyés à l’instar du fond André, du nom du cousin bibliophile de Édouard et Nélie Jacquemart-André, dont le millier de livres précieux a fait récemment l’objet d’une numérisation en collaboration avec la Bibliothèque Nationale de France.
Et puis il y a les archives que des paroisses ont pu déposer, des documents émouvants comme la correspondance de Marie Durand écrite depuis la Tour de Constance, les cartes, gravures et portraits qui illustrent les siècles, et aussi quelques objets comme cette chaire du Désert qui veille dans un coin sur le tableau représentant Gaspard de Coligny.
