Chronique historique – À la rencontre de Bernard PALISSY

Le 4 mai prochain, les Églises de la région parisienne sont invitées à se retrouver à Boissy-Saint-Léger au temple et au sein du collège Bernard Palissy. Cet établissement scolaire est l’un des rares établissements privés protestants de France.

En effet, si après la loi Guizot en 1833 puis la loi Falloux en 1850 les protestants s’étaient attelés à diriger des écoles communales protestantes, ils les cédèrent aussitôt à l’État après les lois Ferry des années 1880 qui garantissent la neutralité religieuse de l’enseignement public.

 

A Boissy-Saint-Léger, une école normale d’institutrices protestantes avait été fondée en 1858. Son activité s’étant arrêtée en 1951, le cours Bernard Palissy créé en 1942 à Paris par France Durrleman, fille du pasteur Freddy Durrleman (figure majeure du christianisme social et notamment fondateur de La Cause), prend place dans ces vastes locaux du Sud parisien. Au fil du temps cet établissement a délaissé les classes primaires pour se consacrer au secondaire, s’est progressivement lié par contrat à l’État et souhaite désormais se concentrer sur le collège.

 

L’établissement se donne pour devise : « Apprendre à persévérer pour réussir ». Une phrase qui pourrait tout à fait illustrer la vie et l’œuvre de Bernard Palissy.

 

L’école de la République a illustré ses livres d’Histoire avec Palissy comme savant fou, brûlant ses meubles et son plancher pour alimenter son four de potier et enfin percer les secrets de l’émail. Au delà de cette image d’Épinal, il y a la personnalité d’un humaniste, d’un protestant en prise avec son temps et d’un grand avant-gardiste.

Bernard Palissy est né dans l’Agenais aux alentours des années 1510. A l’issue de son tour de France, il s’installe comme peintre, verrier et potier à Saintes. La Réforme touche la Saintonge dans les années 1540 ; Palissy adhère aux nouvelles idées et devient un des piliers de la première communauté réformée saintaise. En 1559, Henri II, de passage au château d’Ecouen, signe un édit qui condamne le calvinisme. Palissy est alors arrêté et emprisonné à Bordeaux. Grâce à la protection du connétable Anne de Montmorency il en réchappe. Ce dernier lui avait commandé une dizaine d’années plus tôt la décoration d’une grotte dans les jardins de ce même château d’Ecouen.

 

En 1565, la reine Catherine de Médicis de passage en Saintonge a un coup de foudre artistique pour le maître céramiste. Elle le fait monter à Paris pour qu’il réalise une grotte dans les jardins des Tuileries. En 1572 il échappe de peu au massacre de la Saint-Barthélémy en se réfugiant durant deux ans à Sedan.

 

De retour à Paris c’est l’époque du grand Palissy qui excelle dans la production de céramiques s’inspirant des plantes et des animaux. Ces créations naturalistes en relief assurent encore aujourd’hui sa postérité. Elles furent très à la mode et recopiées en grand nombre à l’ère de l’Art nouveau à la fin du XIXème siècle.

 

Pris dans la tourmente des guerres de religion, Palissy est arrêté en 1587 par la Ligue et emprisonné à la Bastille où il meurt vers 1590 dans une grande indigence.

 

Bien sûr Palissy est ce passionné qui se querellait violemment avec sa femme mais c’est aussi un homme de la Renaissance. Ses écrits révèlent une grande connaissance de l’histoire naturelle et l’agronomie. Dans ses Discours admirables de la Nature, des eaux tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels, des salines, des pierres du feu et des émaux, il prend ses distances avec les alchimistes pour se rapprocher d’un raisonnement scientifique à l’aune de sa foi.

 

Pasteur Pierre-Adrien DUMAS

 

Sources :

 

Illustration :

  • Page extraite d’un livre scolaire de lecture : JURANVILLE Clarisse et BERGER Pauline, Le troisième livre de lecture à l’usage des jeunes filles, Paris, Larousse, huitième édition, 1902. (Collection personnelle).

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