Afin de visualiser les vidéos il est nécessaire d'accepter les cookies de type analytics
L’Église doit-elle disparaître ?
Est-ce que l’Église sert vraiment à quelque chose ? Et si elle ne sert plus à rien, ne devrait-elle pas disparaître ? Depuis maintenant 2 ans et pour encore 2 ans, notre Église réfléchit à sa « mission », son travail, ce pour quoi elle est faite et les ouvriers dont elle a besoin pour mener à bien sa mission.
D’abord, je crois que l’Église ne doit pas se croire propriétaire d’une quelconque mission. Ce n’est pas « notre » mission. C’est l’œuvre de Dieu. Notre premier défi est de nous rappeler que Dieu est déjà à l’œuvre. L’évangile ne commence pas avec nous mais c’est LUI qui a un projet pour ce monde et qui vient pousser dehors le jour de Pentecôte les disciples enfermés dans la chambre haute. Cela devrait nous permettre de lutter à la fois contre le blocage de la peur (je ne me sens pas assez fort, ou je ne sais pas faire, prétextes pour rester entre soi bien au chaud par peur du monde) et contre le blocage de l’orgueil qui entraine des dérives détestables de la mission (manipulation, séduction, contrainte, apologétique, prosélytisme). Notre rôle n’est absolument pas de tout faire mais de prendre notre part dans l’œuvre que Dieu a déjà commencée.
Ainsi l’Église n’est pas au centre mais c’est le Royaume de Dieu qui doit être notre focus. Il ne s’agit pas de construire une stratégie de communication pour faire grandir le chiffre de l’Église et l’empêcher de disparaître. Il s’agit d’offrir la proximité du Royaume de Dieu ! C’est le salut qui est en jeu et non la survie de l’Église. Je n’ai pas honte d’annoncer la Bonne Nouvelle, elle est puissance de Dieu pour sauver tous ceux qui croient (Rm 1,16) et vérité qui nous libère (Jn 8,32). Nous ne rendons pas témoignage à nous-mêmes mais nous sommes des poteaux indicateurs qui indiquent le chemin qui passe par Christ (tu cherches Dieu ? C’est par là. Tu cherches un sens à ta vie ? c’est par là. Tu as peur de demain ? C’est par là… Tu penses que personne ne t’aime ou que tout est absurde, etc. C’est par là…) Si l’idiot regarde le bout du doigt quand on lui montre la lune, l’imbécile, lui, pense qu’il est propriétaire de la lune. Nous ne faisons que montrer la lune et l’Église ne doit pas oublier qu’elle n’est pas propriétaire de la lune. La vérité c’est que nous ne faisons que montrer une direction.
L’Église, c’est le moyen que Dieu utilise pour mener à bien sa mission et Jésus n’appelle pas les gens tout seuls mais il les appelle à faire corps, communion, communauté, ensemble… Pourquoi ? Tout simplement parce que Dieu est amour et que l’amour est une relation. C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous sauront que vous êtes mes disciples. (Jean 13,31) La diversité culturelle et spirituelle bien réelle dans notre Église témoignage de cet amour de Dieu pour tous ses enfants : Parthes, Mèdes, Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée, de Cappadoce, du Pont, d’Asie, de Phrygie, de Pamphylie, d’Egypte, de Libye cyrénaïque, citoyens romains, juifs et prosélytes, crétois et arabes, nous les entendons dire dans notre langue les œuvres grandioses de Dieu… Un jour, nous dirons : chez nous, il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car nous tous nous sommes un en Jésus Christ. (Gal 3,28) Et notre témoignage ce sont nos actes. Notre Bible, c’est notre vie communautaire : quelle image donnons-nous du christianisme ? Vous vous souvenez tous de l’origine du mot Évangélisation : messagers de la Bonne Nouvelle. Nous sommes des anges au service de la Bonne Nouvelle. En ce sens, les chrétiens devraient n’ apporter que des bonnes nouvelles…
Et pourtant, il y a un sens où l’évangélisation est aussi un combat. Il n’a jamais été dit que le travail serait facile. Les résistances sont nombreuses : l’incrédulité, la moquerie, le cynisme… Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, dit Jésus (Mt 10,16). Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insulte, qu’on vous persécute et qu’on répand sur vous toutes sortes de méchanceté à cause de moi. L’Évangile nous pousse à entrer en résistance contre le péché, contre le mal, contre l’injustice, contre tout ce qui blesse et abîme cette vie que Dieu nous a confiée. Dire non, c’est aussi ne pas se croire purs, comme si nous n’étions plus concernés par le péché. Est « protestant » celui qui proteste pour l’Évangile et contre le Mal. Dans ce combat, nous n’utilisons pas les mêmes armes que les autres. Quand certains font la guerre au nom de Dieu et ne pensent qu’à détruire leurs adversaires, nous nous choisissons de n’utiliser QUE les méthodes de Dieu. Ce ne sont pas forcément des méthodes humaines. Parfois cela coïncide (sanctification des talents et des compétences des individus, médias modernes) mais parfois cela diffère grandement : esprit de domination vs esprit de service, faiblesse, humilité, fruits de l’esprit, prière comme geste de confiance) Moi je garde à l’esprit 2 textes fondamentaux qui exposent les méthodes de Dieu pour mener à bien notre mission : Matthieu 5, 3-12 (les Béatitudes) et 1 Co 13 (hymne à l’amour)
Quand le Souffle de l’Esprit s’empare de la maison où ils se sont réfugiés, toutes les portes s’ouvrent et ils ne peuvent plus rester enfermés, bien à l’abri, bien au chaud. Le Seigneur ouvre les portes et donne des occasions : j’aimerais vous inviter aujourd’hui à saisir les opportunités. Soyons des opportunistes. Ouvrons les yeux, les sens pour regarder le monde avec les yeux de Dieu pour aller là où Dieu le veut. Qu’est-ce que, aujourd’hui, nous percevons comme des contraintes ou des faiblesses qui pourraient devenir demain des opportunités à saisir pour tenir notre mission. Calvin utilise l’image de la « porte ouverte », l’occasion donnée par Dieu. Apprenons à discerner, à voir clair pour développer notre sens de la collaboration avec Dieu. Dans chaque contexte, il y a toujours des surprises et de l’inattendu. Parce que l’Esprit souffle toujours où il veut (Jon 3, 8-21), attendons-nous à de belles surprises !
Belle mission à vous !
Pasteur Samuel AMEDRO